lundi 18 août 2014

Les sauveurs de la galaxie des blockbusters



 
Le genre : ice cream movie, comme un popcorn movie, mais pour l'été

Après une année globalement très médiocre question blockbusters, excepté Captain America 2, enfin un film vient un peu relever le niveau. Les Gardiens de la galaxie balaye en effet d'un revers de main les dialogues pompeux et la prise au sérieux consternante des récents Godzilla, Planète des Singes ou X-Men, pour offrir une vraie galerie de personnages et un ton plus léger. Je ne dirais pas que les personnages sont nuancés, n’exagérons rien, mais ils sont au moins sympathiques parce que bourrés de défauts.

Le film s’ouvre sur une scène assez tire larmes, surtout pour moi: quelque part aux états Unis dans les années 80, un gamin se réfugie dans la musique de son walkman pour échapper à la douleur de voir sa mère mourir sur un lit d’hôpital. Mais immédiatement après, il se fait enlever par un vaisseau spatial...flashforward de 26 ans, un vaisseau atterrit sur une planète désolée, le pilote ressort le walkman. Notre gamin est manifestement devenu un chasseur de trésor de l’espace.

Immédiatement, pour son générique, le film change de ton, la cassette avance et passe de la chanson triste écoutée à l'hôpital, You’re not alone de 10cc, au plus pêchu Come and get your love de Redbone. Et le personnage principal fait une remarquable entrée dansante qui donne le ton général, celui du pur divertissement qui, lui, pourra légitimement reposer entièrement sur ses punchlines et sur le manque de sérieux de ses héros. Même dans les répliques les plus clés et, normalement solennelles, notamment la dernière pique lancée au méchant.

Tout le reste déroule de là, du héros qui rêve qu’on l’appelle par son nom de hors-la-loi, Star Lord, mais que personne ne connaît tant il est un loser magnifique, à sa bande de compagnons d’infortune, une assassin un brin hystérique, un raton laveur sociopathe, un catcheur abruti et un arbre magique qui ne sait dire que « I am Groot" (ce qui a d’ailleurs immédiatement généré un meme sur le dialogue potentiel entre Groot et Hodor de Game of Thrones). Comme un Ender's Game plus rigolard, le film ne parle finalement que de ça, de l'histoire d'un gamin qui s'est rêvé héros galactique, comme tous les enfants, pour être plus grand, plus fort, plus audacieux, mais qui à l'occasion de le devenir. Pas de la façon la plus conventionnelle, mais bon, Han Solo reste un modèle...

L’intrigue en soi n’est qu’un prétexte aux aventures du quintet, une vague histoire de méchant fanatique très méchant qui veut détruire une planète, et laisse la part belle à sa série de scènes d’action réussies, quoique peut-être un peu trop nombreuses. Le succès des Avengers étant passé par là, Gunn y insère aussi pas mal de scènes de dialogues purement choral entre toute la bande, à la fois comme respirations et comme démonstrations de sa capacité d'écriture comique, notamment celle où l’on comprend que l’un de personnages, Drax, est totalement imperméable aux métaphores, même les plus banales.

Une des bonnes idées du film est l’attachement de Star Lord à son walkman, dernier souvenir de la Terre qu'il a quitté. Ce walkman permet de rythmer l’ensemble du film par de la musique intra diégétique, et donc d’éviter l’écueil de la musique épique vue et revue en la remplaçant par une bande originale pop très 70’s. Encore une façon de différencier le film de ses concurrents en lui donnant plus de recul sur le genre et plus de fraîcheur, par exemple lors d’une dance battle foutraque et inattendue. Par parenthèse, c’est également une excellente idée commerciale, puisque l’ « awesome mix tape n°1 » du film est en tête des ventes sur iTunes...

Le cast s’en donne à cœur joie, y compris les stars dans des petits rôles, Glenn Close et sa perruque, John C. Reilly ou Benicio del Toro, plus queer que jamais, ainsi que la star non présente à l'écran, Bradley Cooper, qui prête sa voix au raton laveur Rocket. Le cast principal, du désormais très gaulé Chris Pratt (merci le coach Marvel) à Zoé Saldana s’en sort avec les honneurs, en déployant un jeu un peu branleur et caricatural, qui va parfaitement à la thématique de ce buddy movie qui est, de fait, une caricature sale gosse de film de super héros.

Bref, deux heures qui oscillent entre la comédie réussie et le film d’action bien mené. C’est peut-être un concept très 90’s, pas si loin des réussites du genre type Demolition man, mais ce retour à un blockbuster qui ne se prend pas la tête est plus que bienvenu. Marvel se permet même une pointe d’ironie sur les Avengers, quand un personnage se fout de Thanos qui s’est pris une branlée face à « une race inférieure ». Rafraîchissant.

La minute sériephile : je parlais déjà de Chris Pratt et de Parks and Recreations ici mais je maintiens que c’est une série qui vaut le coup, ne serait-ce pour son sous-texte doux amer sur ce qu’est la politique locale.

La minute geek : je pourrais dire beaucoup de choses, tant le film est bourré de clins d’œil, notamment dans l’antre du collectionneur Benicio Del Toro. Mais je retiendrai une référence pour moi évidente à Star Trek la Nouvelle Génération. Dans un des plans de fin, sans réel intérêt pour l'intrigue mais pourtant conservé au montage, John C. Reilly, en  prototype de flic irlandais, rentre dans son appart très japonisant pour y embrasser sa femme extraterrestre et sa fille métisse. Comment ne pas penser au couple de Miles et Keiko O’Brien, ne serait que par la ressemblance entre John C. Reilly et Colm Meaney ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire