lundi 25 août 2014

Les combattants, un espoir de survie pour le cinéma français ?





Le genre: prequel de survival horror movie ?
 
La survie, c’est l’obsession de Madeleine, fille de bobos parisiens en vacances à Contis. Étudiante en modélisation économique, Madeleine est obsédée par le fait que la fin du monde est proche, quel qu’en soit le déclencheur. Et le jour où la société s’effondrera, elle est bien décidée à survivre. Elle décide donc d’intégrer un régiment extrême de commandos. Sur son chemin, Arnaud, un ado du coin un brin déboussolé par la mort de son père et un peu amoureux décide de la suivre.

La survie… C’est donc le thème de ces Combattants, le jeune ovni remarqué à Cannes, un film français qui ne ressemble justement en rien à un film français. A la fois histoire d’amour et comédie décalée, le film ne cesse de surprendre par son refus de rentrer dans le moule et par son caractère totalement imprévisible. Tout l’humour absurde et inattendu des Combattants repose en effet sur son duo improbable, la minérale Madeleine, bloc de granit sur qui personne n’a de prise, et Arnaud le bon gars, foncièrement toujours appliqué et content de faire ce qu’il fait.

Entre les deux, se noue une relation asymétrique, ou la sensualité ne peut apparaître que fugacement, jamais frontalement, tant l’idée d’une relation semble étrangère à Madeleine. C’est d’ailleurs l’un des attraits des dialogues, ce langage de la séduction totalement pris en défaut. Arnaud, qui n’est déjà manifestement pas un grand tribun, tente des approches, constamment rabrouée par une Madeleine directe et brutale. Madeleine, elle, ne montre son affection que par des actions totalement improbables, ponctuées de commentaires absurdes, comme offrir des poussins congelés pour nourrir le furet apprivoisé d’Arnaud.

Construit en 3 sections claires, le film commence comme une chronique d’adolescence paumée un été, ponctuée déjà de moments d’humour totalement à l’Ouest, comme le premier dîner de Madeleine avec la famille d’Arnaud ou une séance de pédagogie militaire nocturne aussi réjouissante qu’étrange.
Suit le fameux entraînement militaire, la partie du film la plus réussie et la plus drôle, à mon sens, notamment du fait l’arrivée du personnage du lieutenant instructeur. Il s’y avère que l’entêtement absurde de Madeleine n’est en réalité pas compatible avec la vie militaire, tant son individualisme est en contradiction avec l’esprit de corps, ce qui donne là aussi un lot de scènes très drôles sur le décalage radical de la jeune fille.

La dernière partie, sur laquelle je resterai évasif pour ne pas spoiler, une fois n'est pas coutume, ouvre un questionnement très bref sur la possibilité que Madeleine ait raison sur la fin du monde. Sans pour autant basculer dans le fantastique, ce qui aurait été une erreur, le film flirte un instant avec l'étrangeté de cette notion de fin du monde, pour montrer aux deux personnages que la solidarité est la clé de la survie. 

C’est peut-être là que l’écriture démontre toute sa finesse. Cette expérience ne changera pas Madeleine, qui ne va pas pour autant redevenir une midinette et tomber dans les bras du bel Arnaud. Non, elle reste fixée sur son objectif, mais elle n'est plus seule. Comme le disait Saint Ex, « aimer, c'est regarder ensemble dans la même direction." Fût-ce vers un horizon d’apocalypse…

A la fois drôle et radical, original et maîtrisé, les Combattants prouve sans cesse que la qualité des personnages ne se mesure pas à l'information qu'on donne sur eux ou au portrait par touches, trop souvent cache-misères d'une absence de profondeur de la réflexion. La grande force de Thomas Cailley est de laisser ses deux personnages s'exprimer par l'interaction, et de ne jamais vouloir les rendre sympathiques. C'est précisément ce qui les rend attachants.

La minute geek : le flirtage vers le fantastique un instant m’a assez furieusement rappelé la première partie du film Silent Hill, dans ce village désert lourd de menace et couvert de cendres. Pas un film de génie, certes, mais une première partie dont l’ambiance était réussie, chose rare dans les adaptations de jeux.

La minute sériephile : l’un des potes d’Arnaud est joué par William Lebghil, issu de la série de Kev Adams, Soda. Il y reprend ici quasiment son personnage d’ado lunaire, à la limite de l’abrutissement, seul personnage foncièrement décalé de la série.Pourquoi pas, mais je pense que ce garçon peut faire plus.

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