mardi 5 mars 2013

Die Hard 5, belle journée pour enterrer une franchise





Le genre : Delta Force 9

Ah, Die Hard, la franchise des années 90’s, l’avènement du héros loser, toute une histoire… Foncièrement, qu’est ce qu’on aime dans les Die Hard ? Le héros, bien sûr ! L’invraisemblable John McClane, qui rampe en slip dans les conduites d’aération, empêche des prises d’otages pieds nus, butte les terroristes par vingtaine alors qu’il passait là par hasard…

John McClane est aussi l’un des premiers anti-héros du cinéma d’action. Sa vie privé est une catastrophe, sa carrière ne décolle jamais malgré ses exploits, il n’a pas de chance, il a une vie de merde, il le sait et il en ricane. Peut-être sait-il que le bouffon est immortel, contrairement au roi ? A ce titre, si on y pense, le 3ème Die Hard est particulièrement éloquent. En fait, à quoi sert John McClane dans ce film ? C’est une diversion, le guignol que le méchant manipule pour détourner l’attention et mal lui en prend.

Le suivant, comme beaucoup de films du milieu des années 2000 poursuivait cette forme de réflexion sur le rôle de l’action hero dans un monde qui change. Le duo improbable que formait Justin Long et Bruce Willis était savoureux, précisément parce qu’il montrait un McClane vieilli, mais encore en forme, et un geek qui peut faire beaucoup derrière un écran, mais a besoin de protection dans le monde réel. 

Le film jouait aussi pas mal le décalage entre des formes de combats plus « artistiques » et évolués, notamment le parkour ou les arts martiaux et le style rustique, mais diablement efficace de Mc Clane. Conclusion, un terroriste, cyber ou non, ça ne résiste pas à une bonne mandale, voire une bonne rafale de fusil mitrailleur.

Tout le film était un hommage amusé, voire ironique aux fondamentaux de la série, notamment l’imagination de son héros pour faire de n’importe quoi une arme, quitte à aller dans l’énorme ici, avec la fameuse voiture boulet de canon.

Or presque 10 ans, après, même James Bond s’est plié à cette réflexion dans Skyfall. Comment donc peut-on imaginer tout balayer d’un revers, et revenir à une recette classique, sans la moindre ironie, et avec même une bonne dose de sentimentalisme ? Une belle journée pour mourir est un film monoblocs, empreint d’un sérieux à faire peur, même dans ses scènes les plus tartes. Les répliques à la con et le petit sourire en coin de Bruce Willis ne marchent même pas, tant ils semblent datés et décalés.

Le film suit un schéma simple: trois énormes scènes d’action, entrecoupées de scènes plus ou moins touchantes ou John essaie de retisser du lien avec son fils. La qualité des scènes d’actions ne vient pas rattraper le manque d’intérêt que dégage le film, ou excuser les dialogues sur la filiation issus des pires nanars et le méchant russe en carton à peu près aussi convaincant que les personnages de Hitman

Dès le premier plan, je savais que ça ne collerait pas. La prison russe pour VIP qui ressemble à celle de Magneto, et où le prisonnier politique joue aux échecs en attendant son procès, c’est tout simplement trop invraisemblable. Un écueil que Ghost Protocol avait su éviter avec sa prison russe crado. Le traitement du décor de Tchernobyl, pourtant plein de poésie intrinsèque, marque d’ailleurs le manque total d’ambition du film. C’est un décor de plus, point barre.

On ne peut s’empêcher de sourire avec embarras quand le « Yippie-Kay-yee » obligatoire arrive. C’est un peu comme dîner avec une personne perdue de vue, et à qui on n’a en fait plus rien à dire. C’est à la fois agréable pour la nostalgie, mais très triste.

La minute geek : le précédent Die Hard courtisait les geeks par la présence même de Justin Long, et le titre A good day to die est un hommage clair à Star Trek, pour les faire revenir. Mais ça s’arrête là, ce que je trouve foncièrement malhonnête. Pour geeker un peu sur la poésie de Tchernobyl, il vaut encore mieux rejouer à S.T.A.L.K.E.R. ou à Call of Duty 4.

La minute sériephile : Médiamétrie, organisme d’un autre âge, distribuait à l’entrée de la salle un questionnaire de 4 pages sur ce qu’on avait pensé du film. De quoi rester pantois sur la méthode, mais aussi sur cette option, « je suis venu voir le film parce que je suis fan de Jai Courtney ». Sérieux ? Certes, il est plutôt pas mal dans Jack Reacher, mais à part ça,  il n’a joué que Varro dans  Spartacus, la version direct-to-video de Rome. Un peu mince pour en être fan…

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