La bande-annonce était, il faut bien le dire, plutôt
alléchante. Elle laissait entrevoir pas mal de choses, en cachait soigneusement
d’autres, notamment la meilleure idée de ce film. Je suis assez preneur d’une
version plus crue, où Blanche Neige et la Reine finissent par se battre l’épée
à la main.
Évidemment, le film ne rentre pas trop dans le détail
social, mais, pour une fois, dire que puisque l’enjeu est un royaume, il va y
avoir des batailles et des morts, un soulèvement du peuple, ça ne me déplaît
pas. Rien de révolutionnaire, mais ça change un peu de la vision classique du
conte de fées, où les changements de pouvoir se font toujours sans heurts.
Malheureusement, la bande-annonce montre un peu tout, et le
film n’a pas vraiment autre chose à offrir. Il fallait un peu s’y attendre, le
seul vrai fait d’armes du réalisateur (hormis sa liaison avec Kristen Stewart),
c’est d’avoir réalisé la pub, certes primée à Cannes, de Halo 3. Le sens du
découpage et de la tension, sur 3 minutes, il maîtrise. Sur 2 heures, il est
déjà moins à l’aise.
Ce qui est évident, c’est qu’il a pris beaucoup de plaisir
avec son joujou. Peut-être trop. Il aime beaucoup filmer ses décors, ses
costumes, faire ses petits effets, mais je crois qu’il a oublié que son film
était vendu comme un film d’action, comme un Blanche-Neige bad ass, pas comme
un film contemplatif. C’est mou, très mou, malgré les scènes d’action.
Là où le bât blesse également, c’est que, même si je reconnais
que les décors sont incroyablement détaillés, la quasi-totalité de la direction
artistique est piquée dans d’autres films. La forêt maléfique et ses créatures
doivent beaucoup, mais vraiment beaucoup, au Labyrinthe de Pan. Une des bonnes
idées, et joliment réalisée, je l’admets, c’est l’arrivée dans la forêt
enchantée, conçue en miroir de l’autre forêt. C’est un peu un cliché, mais ça
fonctionne. Excepté quand le roi de la forêt enchanté arrive, puisque lui sort
tout droit de Princesse Mononoké.
La bonne idée, la vraie idée, ce sont les nains. Gros
casting mené par Ian McShane, allusions sexuelles, look de rock-star
embagousées mais combat à la pioche, utilisation du chant, on est dans le
détournement intelligent. Ou plutôt dans un mixage rafraîchissant du nain
Disney et du nain Tolkien.
Le problème, c’est qu’une fois la bande de nains ajoutée au
casting, allez savoir pourquoi, on se tape 15 minutes de panoramiques sur la
petite troupe traversant des grandes plaines et des montagnes pour rejoindre
une forteresse. Toute ressemblance avec Peter Jackson est probablement un
hasard. C’est vrai, une bande comportant un guerrier, un archer, des nains et
qui marche dans des paysages de nature grandioses filmés depuis un hélico, c’est
tout bonnement révolutionnaire. La bonne nouvelle, si vous aimez ce genre de
plans sur de la musique pompier, c’est que Peter Jackson prévoit 3 films de
Bilbo le Hobbit, ce qui devrait nous faire 2 bonnes heures de plans de randonnée
en Nouvelle-Zélande.
Il en va évidemment de même pour le reste. Charlize Theron
qui d’un mouvement de cape se transforme en corbeaux, Charlize Theron en lait
comme le générique de Millenium, c’est joli, mais pas très original, le miroir
d’or liquide qui prend forme humaine et les armées qui se brisent au contact
des coups, c’est très la Momie (la Momie 2, en fait, mais peu importe).
C’est beau, mais ça n’est ni original, ni bien intéressant.
Comme Thalassa. Pourquoi pas quand il n’y a rien d’autre un mardi de novembre,
mais franchement, vous iriez voir Thalassa au ciné ?
La bonne blague :
en faisant une vérification pour cet article, j’apprends que le 2 est en pré-production.
Misère…
La minute geek :
étant donné que l’esthétique est piquée du manga ou de la fantasy, je ne
saurais pas par où commencer. Je me
contenterai donc de rappeler que Bob Hoskins, qui joue l’un des nains, a joué
Super Mario aux côtés de Denis Hopper qui jouait Bowser, à une époque qu’ils préféreront
sans doute oublier. Pour un budget de 42 millions de dollars, le film en a
rapporté 20. On parle de « succès d’estime » dans ces cas-là, c’est
plus poli que « catastrophe industrielle ».
La minute du
sériephile : pour ceux d’entre vous qui n’ont suivi Deadwood que pour Ian McShane, jetez un
coup d’œil à Trust, série de la BBC
sur les avocats d’affaires. Il y joue le fondateur du cabinet, riche,
excentrique et oisif, britannique jusqu’au bout des ongles. Boston Legal est clairement en gène dans
cette mini-série de 2003.
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