jeudi 2 août 2012

Blanche Neige et le Chasseur, joli, un peu chiant, mais joli


La bande-annonce était, il faut bien le dire, plutôt alléchante. Elle laissait entrevoir pas mal de choses, en cachait soigneusement d’autres, notamment la meilleure idée de ce film. Je suis assez preneur d’une version plus crue, où Blanche Neige et la Reine finissent par se battre l’épée à la main. 

Évidemment, le film ne rentre pas trop dans le détail social, mais, pour une fois, dire que puisque l’enjeu est un royaume, il va y avoir des batailles et des morts, un soulèvement du peuple, ça ne me déplaît pas. Rien de révolutionnaire, mais ça change un peu de la vision classique du conte de fées, où les changements de pouvoir se font toujours sans heurts.

Malheureusement, la bande-annonce montre un peu tout, et le film n’a pas vraiment autre chose à offrir. Il fallait un peu s’y attendre, le seul vrai fait d’armes du réalisateur (hormis sa liaison avec Kristen Stewart), c’est d’avoir réalisé la pub, certes primée à Cannes, de Halo 3. Le sens du découpage et de la tension, sur 3 minutes, il maîtrise. Sur 2 heures, il est déjà moins à l’aise.
Ce qui est évident, c’est qu’il a pris beaucoup de plaisir avec son joujou. Peut-être trop. Il aime beaucoup filmer ses décors, ses costumes, faire ses petits effets, mais je crois qu’il a oublié que son film était vendu comme un film d’action, comme un Blanche-Neige bad ass, pas comme un film contemplatif. C’est mou, très mou, malgré les scènes d’action.

Là où le bât blesse également, c’est que, même si je reconnais que les décors sont incroyablement détaillés, la quasi-totalité de la direction artistique est piquée dans d’autres films. La forêt maléfique et ses créatures doivent beaucoup, mais vraiment beaucoup, au Labyrinthe de Pan. Une des bonnes idées, et joliment réalisée, je l’admets, c’est l’arrivée dans la forêt enchantée, conçue en miroir de l’autre forêt. C’est un peu un cliché, mais ça fonctionne. Excepté quand le roi de la forêt enchanté arrive, puisque lui sort tout droit de Princesse Mononoké.


La bonne idée, la vraie idée, ce sont les nains. Gros casting mené par Ian McShane, allusions sexuelles, look de rock-star embagousées mais combat à la pioche, utilisation du chant, on est dans le détournement intelligent. Ou plutôt dans un mixage rafraîchissant du nain Disney et du nain Tolkien. 

Le problème, c’est qu’une fois la bande de nains ajoutée au casting, allez savoir pourquoi, on se tape 15 minutes de panoramiques sur la petite troupe traversant des grandes plaines et des montagnes pour rejoindre une forteresse. Toute ressemblance avec Peter Jackson est probablement un hasard. C’est vrai, une bande comportant un guerrier, un archer, des nains et qui marche dans des paysages de nature grandioses filmés depuis un hélico, c’est tout bonnement révolutionnaire. La bonne nouvelle, si vous aimez ce genre de plans sur de la musique pompier, c’est que Peter Jackson prévoit 3 films de Bilbo le Hobbit, ce qui devrait nous faire 2 bonnes heures de plans de randonnée en Nouvelle-Zélande.

Il en va évidemment de même pour le reste. Charlize Theron qui d’un mouvement de cape se transforme en corbeaux, Charlize Theron en lait comme le générique de Millenium, c’est joli, mais pas très original, le miroir d’or liquide qui prend forme humaine et les armées qui se brisent au contact des coups, c’est très la Momie (la Momie 2, en fait, mais peu importe).

C’est beau, mais ça n’est ni original, ni bien intéressant. Comme Thalassa. Pourquoi pas quand il n’y a rien d’autre un mardi de novembre, mais franchement, vous iriez voir Thalassa au ciné ?

La bonne blague : en faisant une vérification pour cet article, j’apprends que le 2 est en pré-production. Misère…

La minute geek : étant donné que l’esthétique est piquée du manga ou de la fantasy, je ne saurais pas par où commencer.  Je me contenterai donc de rappeler que Bob Hoskins, qui joue l’un des nains, a joué Super Mario aux côtés de Denis Hopper qui jouait Bowser, à une époque qu’ils préféreront sans doute oublier. Pour un budget de 42 millions de dollars, le film en a rapporté 20. On parle de « succès d’estime » dans ces cas-là, c’est plus poli que « catastrophe industrielle ». 

La minute du sériephile : pour ceux d’entre vous qui n’ont suivi Deadwood que pour Ian McShane, jetez un coup d’œil à Trust, série de la BBC sur les avocats d’affaires. Il y joue le fondateur du cabinet, riche, excentrique et oisif, britannique jusqu’au bout des ongles. Boston Legal est clairement en gène dans cette mini-série de 2003.

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