jeudi 25 octobre 2012

God Bless America, mais pourquoi est-il aussi gentil ?




Le genre : Tueurs Nés sous Rytaline

La bande-annonce de God Bless America était assez réjouissante et laissait entrevoir une farce macabre sur les dérives d’une société américaine engluée dans les modèles discutables qu’offre la télé réalité. Contrairement à Killer Joe, qui est un film foncièrement dérangeant, God Bless America est pourtant assez pépère. Ça se massacre allègrement, mais sans méchanceté, sans perversité, sans affect.

Le scénario est assez simple: Frank divorcé, perd son job et apprend qu’il va mourir. Il n’a plus rien à perdre, et contrairement à Breaking Bad, ne compte pas assurer l’avenir de sa fille, qui est une peste et qui le déteste. Il fait donc un choix différent, il va se débarrasser des gens qui méritent de mourir, pour leur bêtise et leur méchanceté. Il trouvera sur la route une alliée, Roxy, 17 ans, ado qui n’aime pas les autres ados.

Sur cette base, le film démarre sur les chapeaux de roues, par une scène de violence hilarante, extrêmement irrévérencieuse et choquante (pensez ball trap de bébé), mais dans laquelle tout le monde se retrouve. Qui n’a jamais eu envie de faire taire le môme hurlant de ses voisins ? Elle est suivie d’une seconde scène très réussie où le personnage zappe, consterné, devant sa télé. La suite de parodies est très bien vue, une caricature très fine et très cruelle des dérives des talkshows, de la real-tv scriptée, de MTV, du sport, des émissions de talents... Un brin long, mais très drôle. 

Le film démarre ensuite quand le personnage décide de zigouiller une lycéenne insupportable, héroïne de l’émission  My sweet sixteen , et rencontre de ce fait sa petite camarade de jeu. S’ensuit un certains nombres de scènes, toujours assez drôle, de massacre au hasard des rustres et idiots de tous bords qu'ils vont croiser, mais le film tourne un peu à vide. Probablement parce que le réalisateur n’arrive pas vraiment à assumer ses personnages, et veut qu’ils restent les gentils. Entre chaque scène, on trouve donc une bonne vieille tirade moralisatrice sur la perte des repères, l’individualisme, le méchant Bush et la méchante chaîne Fox(ce qui, par parenthèse, est un peu daté pour un film réalisé en 2011) … Le film n’ose d’ailleurs pas aller très loin dans la vraie question dérangeante, qui est celle de la relation entre Frank et Roxy, en bottant en touche par une diatribe contre le fantasme de la jeunesse.

Le film ne parvient non plus pas à s’abstraire de clichés de réalisation, censés montrer qu’il est différent : décors improbables, animation, éléments d’arrière-plan pour montrer l’hypocrisie de l’Amérique puritaine, scènes de remplissage contemplatif sur du rock indépendant. C’est d’autant plus curieux que le dialogue ne se prive pas de défoncer le cinéma indé, et particulièrement Diablo Cody, scénariste, entre autres, de Juno.
  
Au final, ce film qui se veut un brûlot satirique s’écroule sous le poids de sa propre morale bien-pensante et perd une grande partie de sa charge comique.. Pendant tout le film, j’ai beaucoup pensé à Fatal de Michaël Youn, avec qui ce film partage son sens aigu de la parodie, mais aussi son incapacité à mener une intrigue sur tout un long métrage. Un bon moment, mais rien de bien fascinant ou novateur là-dedans.

La minute geek : un curieux dialogue sur la Prime Directive de Starfleet, qui permet au passage d’envoyer une pique assez déplacée à Battlestar Galactica. J’ai beau être un trekkie, le questionnement politique de Battlestar est plus intéressant et globalement bien mieux mené sur la durée que celui des séries Star Trek.

La minute du sériephile : l’acteur principal était un second rôle récurrent de Dharma & Greg, mais ce n’est pas très important. Puisque Diablo Cody s’en prend plein la gueule, c’est l’occasion de se replonger dans sa série  The United States of Tara. Notamment parce que le personnage de Roxy, dans le film, ne cesse de se plaindre des clichés sur l’homosexualité, notamment dans Glee. Or Marshall, dans The United States of Tara, est bien un personnage de Diablo Cody, mais est surtout pour moi l’un des personnages d’ado homo les plus touchants et finement écrits du paysage des séries US, effectivement bien plus que Kurt dans Glee.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire