Le genre : Tueurs Nés sous Rytaline
La bande-annonce de God
Bless America était assez réjouissante et laissait entrevoir une farce
macabre sur les dérives d’une société américaine engluée dans les modèles
discutables qu’offre la télé réalité. Contrairement à Killer Joe, qui est un
film foncièrement dérangeant, God Bless
America est pourtant assez pépère. Ça se massacre allègrement, mais sans
méchanceté, sans perversité, sans affect.
Le scénario est assez simple: Frank divorcé, perd son job et
apprend qu’il va mourir. Il n’a plus rien à perdre, et contrairement à Breaking Bad, ne compte pas assurer l’avenir
de sa fille, qui est une peste et qui le déteste. Il fait donc un choix
différent, il va se débarrasser des gens qui méritent de mourir, pour leur
bêtise et leur méchanceté. Il trouvera sur la route une alliée, Roxy, 17 ans, ado
qui n’aime pas les autres ados.
Sur cette base, le film démarre sur les chapeaux de roues,
par une scène de violence hilarante, extrêmement irrévérencieuse et choquante
(pensez ball trap de bébé), mais dans laquelle tout le monde se retrouve. Qui n’a
jamais eu envie de faire taire le môme hurlant de ses voisins ? Elle est
suivie d’une seconde scène très réussie où le personnage zappe, consterné,
devant sa télé. La suite de parodies est très bien vue, une caricature
très fine et très cruelle des dérives des talkshows, de la real-tv scriptée,
de MTV, du sport, des émissions de talents... Un brin long, mais très drôle.
Le film démarre ensuite quand le personnage décide de
zigouiller une lycéenne insupportable, héroïne de l’émission My sweet sixteen , et rencontre de ce fait sa petite
camarade de jeu. S’ensuit un certains nombres de scènes, toujours assez drôle, de
massacre au hasard des rustres et idiots de tous bords qu'ils vont croiser, mais le film tourne un peu à vide.
Probablement parce que le réalisateur n’arrive pas vraiment à assumer ses
personnages, et veut qu’ils restent les gentils. Entre chaque scène, on trouve
donc une bonne vieille tirade moralisatrice sur la perte des repères, l’individualisme,
le méchant Bush et la méchante chaîne Fox(ce qui, par parenthèse, est un peu
daté pour un film réalisé en 2011) … Le film n’ose d’ailleurs pas aller très
loin dans la vraie question dérangeante, qui est celle de la relation entre
Frank et Roxy, en bottant en touche par une diatribe contre le fantasme de la
jeunesse.
Le film ne parvient non plus pas à s’abstraire de clichés de
réalisation, censés montrer qu’il est différent : décors improbables,
animation, éléments d’arrière-plan pour montrer l’hypocrisie de l’Amérique
puritaine, scènes de remplissage contemplatif sur du rock indépendant. C’est d’autant
plus curieux que le dialogue ne se prive pas de défoncer le cinéma indé, et
particulièrement Diablo Cody, scénariste, entre autres, de Juno.
Au final, ce film qui se veut un brûlot satirique s’écroule
sous le poids de sa propre morale bien-pensante et perd une grande partie de sa
charge comique.. Pendant tout le film, j’ai beaucoup pensé à Fatal de Michaël Youn, avec qui ce film
partage son sens aigu de la parodie, mais aussi son incapacité à mener une intrigue
sur tout un long métrage. Un bon moment, mais rien de bien fascinant ou
novateur là-dedans.
La minute geek :
un curieux dialogue sur la Prime Directive de Starfleet, qui permet au
passage d’envoyer une pique assez déplacée à Battlestar Galactica. J’ai beau être un trekkie, le questionnement
politique de Battlestar est plus intéressant et globalement bien mieux mené sur
la durée que celui des séries Star Trek.
La minute du
sériephile : l’acteur principal était un second rôle récurrent de Dharma & Greg, mais ce n’est pas
très important. Puisque Diablo Cody s’en prend plein la gueule, c’est l’occasion
de se replonger dans sa série The
United States of Tara. Notamment parce que le personnage de Roxy, dans le
film, ne cesse de se plaindre des clichés sur l’homosexualité, notamment dans Glee. Or Marshall, dans The United States of Tara, est bien un
personnage de Diablo Cody, mais est surtout pour moi l’un des personnages d’ado homo
les plus touchants et finement écrits du paysage des séries US, effectivement
bien plus que Kurt dans Glee.
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