J’aime autant prévenir tout de suite, ça spoile sévère par
ici. Bref, qu’est ce qui différencie la saison 4 de Game of Thrones des
précédentes ? Deux changements majeurs dans la construction, l’un voulu, l’autre
à mon avis plus subi.
Pour le voulu, déjà l’apogée de la saison est dans son
épisode final, contrairement à l’habitude de la placer dans l'épisode 9 : décapitation
de Ned Stark, bataille de Blackwater et Red Wedding respectivement. Est-ce
gênant ? Oui, considérablement. Ce choix correspondait à une
philosophie d’écriture intéressante : dire que dans un monde aussi
violent, un événement de cette ampleur, malgré sa charge émotionnelle, ne vaut
surtout que par la façon dont il rebat les cartes politiques. Ici on revient à
une construction classique, qui finit par sombrer un brin dans le ridicule tant
elle ne nous offre pas un mais 19 cliffhangers dans le final.
Ce choix est aussi la conséquence de l’autre changement de
construction, à savoir l’absence de ligne directrice de la saison. Il n’y a
plus d’événement qui puisse lier les personnages entre eux, ni la peur de
Daenerys, ni la lutte entre les Stark et les Lannister, ni rien. La bataille
est finie, chacun fait son petit bonhomme de chemin. C’est d’autant plus
dommage que la série tente maladroitement de recréer du lien a posteriori entre
des événements apparemment sans rapports, le fait que la lutte entre les Stark et
les Lannister soit finalement un énorme complot de Littlefinger, par exemple.
Je reproche aussi à l’écriture un franc foutage de gueule
pour ménager ses effets. On a donc passé la moitié de la saison dans les
bordels pour légitimer le personnage d’Oberyn, pourtant sans fonction autre que
celle d’un accessoire d’intrigue, pour mettre un suspens dans un procès dont l’issue
était pourtant annoncée dès le début ou encore passé la moitié de la saison à
suivre Ramsay Snow, et son désir d’expansion très locale, dont on se fout, même
si j’aime bien Misfits. En revanche, quasiment pas un mot sur Stannis, qui
débarque dans le dernier épisode comme une fleur avec le seul mouvement
foncièrement politique de la saison, la relégitimisation de son trône par le
Nord.
Petit point géo, ici, d’ailleurs. Euh, si Stannis a réussi à
débarquer au Nord du Mur avec toute une armée en bateau, sans se faire griller
il sert à quoi le Mur ? Après quatre saison, on comprend que c’est la
ligne Maginot de Westeros, un bel ouvrage mais qui protège la mauvaise
frontière ?
Tout n’est évidemment pas à jeter, mais je regrette très
sincèrement la qualité d’écriture des saisons précédentes. Les motivations des
personnages deviennent grossières, ce qui se ressent dans leur jeu, Tyrion
excepté, qui s’en sort avec à peu près le meilleur axe de la saison. J’en prendrais simplement deux exemples, la
voix de Littlefinger, de plus en plus rauque au fur et à mesure que son
personnage est sombre (sûrement le syndrome de Batman), ou le personnage de
Jaime, très bien mené la saison précédente, notamment sur ses motivations
profondes à tuer le roi, et qui cette saison boude ou fait pas des calins à son
petit frère quand il n’est pas occupé à violer Cersei. Un violeur émo et
incestueux, belle évolution du personnage qui nous expliquait la notion d’intérêt
général en saison 3.
Bref, tout ça me dérange tant il n’y a plus de ligne
directrice, juste des intrigues, de qualité variée, qui avancent en parallèle.
Ca fait des bonnes scènes, notamment pour Arya et Sansa ou Tyrion, mais l'ensemble est assez inégal. Quand même le 9ème épisode, censément clé, ne
présente en une heure que l’escarmouche de l’avant-garde d’une armée, je doute
un peu. Pourquoi Stannis n’arrive pas à ce moment ? Pourquoi embaucher des
gens comme Ciaran Hinds pour un rôle devenu si anecdotique que Mance Rayder ?
J'ajoute, et ça c’est mon côté Affaires Publiques, mais
la situation politique me préoccupe un peu. Si on regarde bien, notre jeune
roitelet, aussi sympathique qu’il soit n’a, à compter de ce soir, plus de Premier
ministre, mort d’une gastro foudroyante, plus de ministre des Finances, condamné
à mort et en fuite, un ministre de la Marine réputé pour son incompétence et un
commandant de sa garde remarquablement léger (comment Tyrion a-t-il pu se balader
dans tout le château ? une enquête parlementaire est en cours…) et un Maître Espion en goguette.
Allez, malgré tout, je vais être optimiste parce que le
final ouvre quand même trois pistes intéressantes. Le départ de Tyrion et Varis
pour Bravos, le départ d’Arya pour Bravos et le renoncement de Daenerys à ses
dragons, qui confirme qu’elle assoit son trône à l’Est et renonce à Westeros.
Même si sur ce point, la sortie des dragons du scénar, c’est un peu cracher à
la gueule du public qui attend de les voir en action, comme promis dès le
début.
Peut-être que toute cette
saison n’était finalement qu’un grand épisode dix. Les derniers soubresauts de
la guerre entre Stark et Lannister. La série met littéralement dans sa scène
final cap vers un Est plein de promesses, ce que confirme d’ailleurs le casting,
avec une arrivée en force du reste de la famille Martell. Alors, bon, soyons
positifs. Une saison 4 qui a flingué la série pour mieux la faire renaître sur de nouveaux enjeux en saison 5 ?
Un peu de légèreté
pour finir : au-delà du fait que tout le monde voulait le voir mourir,
la mort de Joffrey aura quand même eu le mérite de générer ce magnifique meme :
Autre point, je ne sais pas si c’est ce personnage qui l’a
dégoûté, mais l’acteur Jack Gleeson a annoncé qu’il mettait fin à sa carrière
pour se consacrer plutôt à ses études de philosophie.
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