Le genre : film de robots qui tabassent des dinosaures
qui ravira les fans de films de robots qui tabassent des dinosaures
Lors de la pré-projection presse, il y a quelques mois, je
me souviens de l’un des critiques qui affirmait qu’il s’était senti de nouveau
comme un gamin de 8 ans devant ce film, ébloui et comblé. Je ne peux pas lui
donner totalement tort. Il y a dans Pacific Rim quelque chose de visuellement
et auditivement jouissif pour quiconque a été petit garçon. Le bruit du métal,
la lourdeur du pas des robots, le choc des coups , on l’a tous imaginé en jouant dans nos
chambres. L’idée même de pouvoir ramasser un cargo comme une branche et de le
balancer à la tête d’un dinosaure aussi facilement est typique du jeu d'enfant (c’était d’ailleurs le
concept même du jeu d’arcade Rampage,
jouissif quoique débile).
Le scénario est simple, pour ne pas dire mince. Un jour, par
une faille vers une autre dimension dans le Pacifique, surgissent des monstres.
Pour se défendre, l’humanité crée des robots géants pour les savater. Pour
chaque robot, il faut deux pilotes, liés par une interface entre leurs
cerveaux. Round 1, fight.
On pourra évidemment reprocher à Guillermo Del Toro,
d’habitude plutôt fin dans l’écriture de ses personnages, assez attaché au
non-dit et au détail qui permet de comprendre, d’avoir ici écrit ses
personnages au hachoir, et de toujours tout expliquer dans des dialogues de
plomb, farcis de vannes assez débiles. Nous dirons que c’est le genre qui veut
ça.
L’ouverture spectaculaire pose les héros. Ouin, ouin, le
gentil pilote a perdu son co-pilote et frère (dans une séquence spectaculaire,
il faut le reconnaître) et le chef va devoir venir le rechercher, en mode "vous êtes un fou, mais j’ai besoin d’un fou pour mener cette mission
de fou". S’en suit une exposition de personnages archétypaux au possible , les
russes catcheurs pilotent un robot massif, les chinois acrobates pilotent un
robot agile et rapide (certainement un peu fourbe aussi, mais le film ne le
précise pas).
Parmi les autres personnages, les scientifiques sont des
geeks associaux mais pleins de courage, le rival du héros a un complexe patent
vis-à-vis de son père, et la bonnasse, pilote potentielle, a un mystérieux lien
trouble avec le chef du programme. Je précise que s’il vous reste environ un
neurone, vous comprenez assez vite la nature de ce lien, tant le film est
subtil. Si vous ne comprenez pas, ne vous inquiétez pas, un bon flash-back et
10 minutes de dialogues vous expliqueront ce qui tient en une phrase : c’est
sa fille adoptive, il ne veut pas l’envoyer en première ligne.
Avec une certaine pointe d'ironie, voire un côté branleur très assumé, Del Toro se permet d'ailleurs à quelques reprises de se foutre ouvertement de ses personnages en carton, quand Idriss Elba, après deux heures de film dit à un des personnages qu'il est finalement très prévisible et simple à comprendre, puisque sa seule caractéristique est son conflit avec son père. C'est effectivement le cas, mais c'est rare de l'admettre aussi frontalement. Il se permet aussi des allusions complètement absurde à ses propres films, notamment par un retour de la chaussure à bride rouge pour petite fille. Histoire de faire semblant de donner de la personnalité à son gros film de commande ? Le mystère reste entier.
Je pourrais m’étendre à loisir sur le plaisir de gamin que
procurent les combats, invraisemblables en gigantisme, et durant lesquels les robots
sortent au hasard toutes sortes d’armes de leurs bras, en fonction des besoins
du scénario (épée, canon à plasma, ailes, moulin à poivre, enclume...), le tout pour savater violemment les kaijus, que je continuerai ici à appeler des dinosaures. Mentions
spéciales au shampooing à coup de conteneurs de cargo et à l’usage créatif des
systèmes de refroidissement.
Je pourrais aussi évoquer le fait que ce film est un hommage
à un cinéma de genre, le film japonais de kaïju, précisément, type Godzilla, qui trouve ici ses
lettres de noblesse. Le problème c'est que je ne le pense pas. Les films de kaïju trouvent ici leurs lettres de
blockbusterisation, qui leur permettent de dépasser la série Z, mais ce n’est
pas non plus du grand art, malgré de jolis plans contemplatifs sur la pluie.
Enfin... contemplatifs si on fait abstraction des deux monstres qui se castagnent à
120db.
Je ne vois cependant pas trop l’intérêt de m’étendre. Si
vous avez eu 8 ans et que vous avez aimé GIJoe
ou Transformers, au premier, second
ou millième degré, allez-y les yeux fermés. Sinon, et bien dites-vous au moins
que vous serez au frais pendant 2 heures et demi. Par contre, pour la sieste, c’est
mort.
La minute sériephile :
j’ai lu par-ci par-là que certains trouvaient les scènes de nudité de Charlie
Hunnam un peu gratuites. On peut effectivement se demander pourquoi, dès qu’il n’est
pas dans son robot, ce garçon sort de sa douche. C’est un peu oublier
qu’être beau, avant Sons of Anarchy,
c’était un petit peu la fonction de Charlie Hunnam dans ses aventures télés,
notamment en Nathan, le lycéen gay et irrésistible dont l’arrivée bouleverse la
vie des héros dans la version originale de Queer
As Folks, puis en caution beau gosse et étranger de Undeclared. Je ne m’en plains pas, loin de là, c’est un simple constat.
La minute geek :
l’un des deux savants geek, Burn Gorman est issu de la série Torchwood. Pas la
meilleure série du monde, excepté son excellente saison 3, dont il est absent,
mais regardable. De la SF souvent mélancolique.
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