Le genre :
Amenàbar sous MDMA
Incontestablement, la patte de Danny Boyle est là. On y
retrouve son utilisation de la musique, sa patte visuelle, son cher thème du
garçon propre sur lui qui décide de tout cramer et son sens du montage pour
faire avancer l’intrigue … Enfin, avancer, c’est un bien grand mot. Avancer,
puis reculer, puis avancer de nouveau pour faire un bond en arrière.
Son sujet n’est pas évident, certes. Un commissaire-priseur s’est
manifestement associé à des voleurs pour braquer une toile de Goya, estimée à
25M de livres, mais les a doublés en leur donnant une valise vide. Problème,
pendant le braquage, il a reçu un coup de crosse et ne se souvient plus où est
la toile… Entre en scène une hypnothérapeute trop bonnasse pour être honnête
qui va l’aider à débloquer son souvenir, mais joue peut-être un double, voire
triple jeu.
Je ne dirais pas que c’est un mauvais film, ça se regarde
plutôt pas mal, le sujet est marrant, James Mc Avoy joue efficacement de son
charme un peu branleur, Rosario Dawson est plutôt surprenante, Vincent Cassel
fait le job en chef de bande sympa, quoique violent. Comme je le disais, Danny
Boyle a conservé son sens du montage nerveux, très efficace sur certaines
scènes comme celle du braquage (avec des vrais bouts de vol d’idées à Guy
Ritchie) ou celle ou le héros raconte ce qu’est sa vie avant le braquage (très
Trainspottingienne).
Malheureusement, dès que l’hypnotiseuse entre en scène, le
film oscille entre la réalité et l’état de « transe » induit. Je dois
admettre avoir eu un moment de panique en me demandant s’il n’allait pas nous
faire un genre d’Inception cheap,
dans lequel il existe toujours un doute sur ce qu’on voit, rêve ou réalité.
Dieu merci Boyle évite l’écueil et reste dans l’ensemble assez clair sur la
séparation des deux mondes, mais abuse des filtres de couleurs pour les
délimiter, vert et rouge pour une partie de la réalité, orange et bleu pour la
transe.
Comme il aime bien se faire plaisir, il s’est fait composer
sa B.O., histoire de rigoler un peu sur la scène de révélation et confrontation
finale, avec une musique calibrée sur son montage. Ce serait certainement
formidable si ça ne durait pas 20 minutes, surtout autour d’une révélation
finale aussi tirée par les cheveux. On lorgne clairement vers Ouvre les Yeux ou Les Autres, sur la reconstruction et les mondes que l’esprit crée
pour échapper à la réalité, mais Boyle substitue sa nervosité à la mélancolie d'Amenàbar. Sans trop de succès, d'ailleurs, l'ensemble étant un peu grotesque, faute de prendre
un parti-pris résolument fantastique. Sans trop spoiler, vous m’expliquerez
d’ailleurs comment un tableau ancien survit pendant plusieurs mois enfermé dans
un tout petit volume avec un cadavre humain pourrissant.
Certains décors sont uniquement pensés pour leur potentiel
de jolies lumières rouges, mais totalement invraisemblables. Si vous aimez les
plans de nudité totalement gratuit et vous posez des questions sur l’anatomie
complète de Rosario Dawson ou sur le fessier de James Mc Avoy, Transe pourra aussi répondre à de
nombreuses questions.
Le principal problème du film vient de ces moments de pure
virtuosité sauce Boyle, souvent trop longs, et sans grand intérêt. Danny Boyle a
repris tous ses ingrédients habituels, et nous en fait un hachis parmentier. C’est
toujours bon, mais ce n’est pas non plus le plat dont on rêve. Pour la faire
courte, pas inintéressant visuellement et sur le plan de la rythmique, mais
globalement assez vain.
La minute geek :
parmi les invraisemblances du film, nous constaterons que Rosario Dawson a
manifestement le pouvoir de se faire designer des Appli Ipad absolument révolutionnaires,
qui contournent totalement IOS.
La minute sériephile :
pour retrouver James McAvoy dans un genre moins bodybuildé et plus souvent
habillé que dans Trance, je vous
suggère l’excellente mini-série britannique State
of Play, sur le lien entre presse et politique. Bill Nighy y est parfait
aussi, comme toujours.
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