mardi 28 mai 2013

Trance, géniale auto-parodie ou feignasserie de Danny Boyle ?






Le genre : Amenàbar sous MDMA

Incontestablement, la patte de Danny Boyle est là. On y retrouve son utilisation de la musique, sa patte visuelle, son cher thème du garçon propre sur lui qui décide de tout cramer et son sens du montage pour faire avancer l’intrigue … Enfin, avancer, c’est un bien grand mot. Avancer, puis reculer, puis avancer de nouveau pour faire un bond en arrière.

Son sujet n’est pas évident, certes. Un commissaire-priseur s’est manifestement associé à des voleurs pour braquer une toile de Goya, estimée à 25M de livres, mais les a doublés en leur donnant une valise vide. Problème, pendant le braquage, il a reçu un coup de crosse et ne se souvient plus où est la toile… Entre en scène une hypnothérapeute trop bonnasse pour être honnête qui va l’aider à débloquer son souvenir, mais joue peut-être un double, voire triple jeu.

Je ne dirais pas que c’est un mauvais film, ça se regarde plutôt pas mal, le sujet est marrant, James Mc Avoy joue efficacement de son charme un peu branleur, Rosario Dawson est plutôt surprenante, Vincent Cassel fait le job en chef de bande sympa, quoique violent. Comme je le disais, Danny Boyle a conservé son sens du montage nerveux, très efficace sur certaines scènes comme celle du braquage (avec des vrais bouts de vol d’idées à Guy Ritchie) ou celle ou le héros raconte ce qu’est sa vie avant le braquage (très Trainspottingienne).

Malheureusement, dès que l’hypnotiseuse entre en scène, le film oscille entre la réalité et l’état de « transe » induit. Je dois admettre avoir eu un moment de panique en me demandant s’il n’allait pas nous faire un genre d’Inception cheap, dans lequel il existe toujours un doute sur ce qu’on voit, rêve ou réalité. Dieu merci Boyle évite l’écueil et reste dans l’ensemble assez clair sur la séparation des deux mondes, mais abuse des filtres de couleurs pour les délimiter, vert et rouge pour une partie de la réalité, orange et bleu pour la transe.

Comme il aime bien se faire plaisir, il s’est fait composer sa B.O., histoire de rigoler un peu sur la scène de révélation et confrontation finale, avec une musique calibrée sur son montage. Ce serait certainement formidable si ça ne durait pas 20 minutes, surtout autour d’une révélation finale aussi tirée par les cheveux. On lorgne clairement vers Ouvre les Yeux ou Les Autres, sur la reconstruction et les mondes que l’esprit crée pour échapper à la réalité, mais Boyle substitue sa nervosité à la mélancolie d'Amenàbar. Sans trop de succès, d'ailleurs, l'ensemble étant un peu grotesque, faute de prendre un parti-pris résolument fantastique. Sans trop spoiler, vous m’expliquerez d’ailleurs comment un tableau ancien survit pendant plusieurs mois enfermé dans un tout petit volume avec un cadavre humain pourrissant. 

Certains décors sont uniquement pensés pour leur potentiel de jolies lumières rouges, mais totalement invraisemblables. Si vous aimez les plans de nudité totalement gratuit et vous posez des questions sur l’anatomie complète de Rosario Dawson ou sur le fessier de James Mc Avoy, Transe pourra aussi répondre à de nombreuses questions.

Le principal problème du film vient de ces moments de pure virtuosité sauce Boyle, souvent trop longs, et sans grand intérêt. Danny Boyle a repris tous ses ingrédients habituels, et nous en fait un hachis parmentier. C’est toujours bon, mais ce n’est pas non plus le plat dont on rêve. Pour la faire courte, pas inintéressant visuellement et sur le plan de la rythmique, mais globalement assez vain. 

La minute geek : parmi les invraisemblances du film, nous constaterons que Rosario Dawson a manifestement le pouvoir de se faire designer des Appli Ipad absolument révolutionnaires, qui contournent totalement IOS. 

La minute sériephile : pour retrouver James McAvoy dans un genre moins bodybuildé et plus souvent habillé que dans Trance, je vous suggère l’excellente mini-série britannique State of Play, sur le lien entre presse et politique. Bill Nighy y est parfait aussi, comme toujours. 

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