La La Land, beaucoup trop long et singulièrement sans rythme. Les cinq premières minutes sont cool, comme les cravates de Ryan, cela dit.
La La Land s’ouvre majestueusement, il faut le reconnaître, sur une scène extrêmement réussie, pleine d’énergie et qui fait un très bel hommage à l’usine à rêve qu’est Hollywood. Malheureusement, le film ne suit pas et déroule péniblement sa réflexion faiblarde sur les illusions perdues de son couple de héros, une aspirante actrice et un aspirant musicien.
Globalement, le film ne gagne de l'intérêt que dans quelques rares vraies réussites comiques dans les dialogues, notamment dans la fête 80’s. Mais le tout est invraisemblablement long, pour une histoire dans laquelle on ne rentre pas. En donnant un emballage musical sucré à son histoire vue et revue de couple qui se délite et doit choisir entre poursuivre sa carrière ou sa relation, Chazelle a du se sentir d’une folle modernité, mais rien ne fonctionne.
Sur la forme, pour commencer, sa comédie musicale est mal pensée. Au bout de dix minutes, dès le deuxième numéro chanté, un malaise diffus s'installe. C’est cinq minutes après, au troisième numéro chanté, qu'on comprend. Avec ses trois numéros en plan sequence qui se suivent, Chazelle vient de te servir 15 minutes de lipdub. Comme le Medef en 2008... Passé ces 20 minutes, estimant certainement avoir fait le job, il se contente ensuite de solos pénibles et de duos atones. Sauf pour la fin, mais quand cette scène arrive, on est déjà entrain de jouer à Candy Crush ou de répondre à ses mails pro en retard.
Ensuite, le couple star pose un vrai problème. Aussi élégant que soient Gosling et sa très belle collection de cravates à motifs asymétriques, lui n'offre en guise de jeu que sa neutralité (ou son incapacité à faire passer une émotion, pourrait-on dire pour être méchant) habituelle, ce qui pouvait à la rigueur se justifier dans Drive, moins ici, d'autant qu’Emma Stone en fait des caisses pour compenser. Leurs duos de danse et de chant manquent totalement de sincérité et de grâce, au point du ridicule, avec le fameux envol dansé. Ce qui devait être le point d’orgue romantique ne fait que rappeler en contrepoint cruel tout le charme de cette même idée en fin d’Everybody Says I love You de Woody Allen.
En bon représentant d'une forme de culture moderne selon laquelle toute ironie est un gage de qualité intellectuelle, la proposition de La La Land se résume à filmer une histoire triste avec un filtre Instagram acidulé donc ironique. Ca va cinq minutes, pas deux heures huit, d'autant que même la reflexion du film sur le combat entre les puristes et ceux qui transmettent leur passion en l'adaptant au goût du jour n'a aucun sens. Elle est tout simplement inepte dans la mesure où son intrigue donne raison à son personage de puriste, tout en faisant, en tant que film, très exactement l'autre choix. Le tout pour aboutir à un happy end de téléfilm de l’après-midi sur M6 sur le thème « si on croit en ses rêves, ça marchera ».
Quand au bout de deux heures de mort cérébrale, on arrive justement à la conclusion, un laborieux montage en mode « et si ? » qui nous présente une autre version de l’intrigue, c’est pour finir sur un échange de regards doux amer les deux anciens amoureux, pour se dire, ça aurait pu marcher, mais tant pis, on a nos vies et on a concrétisé nos rêves. Sauf que Stone et Gosling jouent l’échange de regard de façon tellement caricaturale que la référence qui saute aux yeux est justement une parodie de ce type de scène, Looks, de Jimmy Fallon.
Tout ça pour ça… Si vous n’avez pas deux heures à perdre, je vous suggère de réécouter Salut les Amoureux de Joe Dassin. Même histoire et jolie mélodie aussi.
La minute sériephile : Face à ce délire de feignasserie, on se demande comment le réalisateur n'a pas demandé des prises supplémentaires avec plus d'émotion... Once more with feeling, comme l’épisode de comédie musicale de Buffy contre les Vampires. Là aussi plus court et mieux réussi que l’ensemble de La La Land.
La minute geek : silence radio sur ce coup…
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