Le genre : les Anges de la téléréalité mènent la révolte contre la pression fiscale
The Hunger Games, second volet, reprend là où nous avait
laissés le premier. A savoir que la victoire de son héroïne sur le système du
jeu télé mortel a révélé une
faille dans le système politique et laissé planer la possibilité d’une révolte
contre le système totalitaire de Panem. Katniss et son compère Peeta deviennent à la fois les idoles du peuple et le couple à abattre pour les élites d'une société au bout du rouleau.
Alors, évidemment, on pourra toujours arguer que la
métaphore politique de Collins est un peu grosse (du pain et des jeux, le
Capitole, toussa toussa), mais pourquoi pas ? Après tout, le film, comme
les romans, je suppose, appelle à se révolter contre la dictature, à refuser la
privation de liberté, à réfléchir par soi-même et, comme Katniss, à refuser la
violence que lui impose un système pour lui préférer la compassion. Valeurs respectables.
De ce point de vue-là, le second Hunger Games est plutôt
réussi, et prend le temps d'explorer cette relation de Katniss à
son nouveau rôle d’icône politique, que les deux camps veulent s’approprier. Peut-être
un peu trop de temps d’ailleurs, le film gagnerait bien à dégraisser une bonne demi-heure.
La question qui se pose ici est de savoir si elle accepte d’endosser ce rôle de
leader, qui causera invariablement des morts, notamment dans sa famille, qu’elle
essayait précisément de sauver, ou au contraire si elle choisit d’être la cover-girl d’un
régime qui s’est senti vaciller.
Le film poursuit sa réflexion sur la création des icônes, ou au contraire sur
le cassage de l’image d'héroïne de Katniss par les retors et Snow et Heavensbee (Donald
Sutherland et Philip Seymour-Hoffman, pervers raffinés, impeccables dans leurs
rôles). Il déplace d’ailleurs le curseur d’une critique de la
télé-réalité comme mode d’abrutissement à une dénonciation plus large de la
manipulation par les images, notamment dans les médias d’information.
Concernant la télé-réalité pure, le film va plus loin que le
précédent, en empruntant très clairement l’imagerie de Survivor ou Koh Lanta,
lors des nombreuses de désœuvrement ou de chasse sous-marine des aventuriers
sur la plage. Ce qui est somme toute assez logique, dans la mesure où ce second
volet commence à porter un message plus politique, et s’affranchit donc de l’imagerie
purement adolescente et classique du premier, pour rentrer dans le vif du
sujet.
Ce basculement pourrait annoncer une vision plus directement critique et, de la même façon, le changement de règles, à savoir l’organisation
d’un Hunger Game « all star », destiné précisément à se débarrasser
de Katniss, enfonce un autre coin dans le système et introduit des personnages
plus nuancés, et nettement plus rebelles par rapport au concept même de ces jeux. Cette partie souffre
pourtant d’un problème d’enjeu, à mon sens, les alliances étant devenues très
fortes, et par un twist, le film évacue justement la question morale de savoir
que faire quand il ne reste que des alliés dans l’arène. Dommage également que
le film ne traite pas de la désaffection du public, qui réclame à un moment l’annulation
des jeux. D'un côté le film se veut plus satirique, mais en compliquant son propos sur l'élimination au sens physique du terme comme aboutissement de la société du spectacle, il finit par l'affaiblir.
Le film se rapproche aussi très dangereusement de son
modèle Battle Royale en
réintroduisant l’idée de zones interdites par heure, qu’il faut fuir, et celle
des personnages à armes pourries comme la bobine de fil des geeks, gadgets scénaristiques pas franchement nécessaires. Le tout se
laisse cela dit plutôt bien suivre, notamment la première partie, qui remet une
couche sur le contraste entre les districts pauvres, sous la neige, filmés en
couleurs sombres, et un Capitole multicolore et dégénéré.
Le dernier plan rappelle furieusement le final de l’avant
dernier Twilight, Bella qui ouvre ses yeux rouges, en plan sérré, sans en avoir
forcément la puissance. Ok, on a compris, Katniss a choisi son camp, ça va
chier, mais on reste sur sa faim, faute d’une réelle conclusion. Je constate d’ailleurs
qu’avec un sens tout hollywoodien de la pépète, le studio a décidé de faire
deux films du dernier bouquin, ce qui laisse présager le pire question
longueurs et coupure en pleine intrigue.
Je terminerai en disant que je suis peut-être un vieux con,
mais que je ne marche pas du tout à cette histoire d’amour adolescente. Katniss
est surtout arrogante et intransigeante envers les autres, mais coulante avec
sa propre morale, une vraie Stark ! Ses choix amoureux sont donc purement
circonstanciels, Gale quand elle est à la maison, Peeta quand elle est dans l’arène.
Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une traînée opportuniste, mais je trouve
que ses deux soupirants sont quand même de bonne composition d’accepter son
manège.
Bref, dans la catégorie blockbuster, comme Ender’s Game récemment on a un truc plus
malin que le moyenne, bien conçu quoiqu’un peu long et plutôt réussi
visuellement. Pas d’une ambition délirante, mais réussi.
La minute sériephile :
je ne résiste pas à vous conseiller d’aller voir Donald Sutherland dans
Crossing Lines, la merveilleusement WTF série internationale de TF1, avec
également Marc Lavoine et William Fitchner (dès que William Fitchner pointe son nez aquilin quelque part, on peut cela dit s'attendre à ce que ça parte en vrille). Les aventures d’un réalisme à
couper le souffle d’une unité internationale de chasseurs de tueurs en série dans
l’Union Européenne, sous l’égide de la Cour Pénale Internationale. Après 14
épisodes, les juristes cherchent encore à comprendre comment une telle chose
est possible.
La minute geek :
la technologie de Panem ne cesse de m’intriguer. Vu la mode high-tech du
Capitole (je dois admettre que la scène de la robe de mariée de Katniss est
plutôt bien foutue), l’arène holographique qui peut créer des objets vivants à
volonté, les champs de force et les vaisseaux, je m’interroge un peu sur le
fait que les héros se baladent en train et les soldats en Hummer. Je reste
encore une fois étonné de ces réflexions qui ne vont pas jusqu’au bout.
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