Le genre: oh, misère...
Autant le dire d’emblée, je ne suis pas un grand fan de
dessins animés, surtout depuis l’imagerie numérique. Je n’ai pas trouvé In the Air désagréable, ni Ratatouille, mais je suis jamais
emballé, emballé. Albator fait partie de la culture générationnelle des
français nés dans les 80’s mais est à la frange de ma génération. 9a fleure bon
la petite enfance et Récré A2, je m’en
souviens, mais sans avoir jamais vraiment suivi, comme Cobra, par exemple. Je suis plutôt de la génération suivante, Chevaliers du Zodiaque et autres… Bref,
disons que j’abordais le film sans trop de préjugés malgré tout, d’autant que
je suis plutôt client des batailles spatiales.
Là-dessus, pas trop de problèmes, des effets visuels léchés,
une réalisation bien pensée, une utilisation intelligente de l’effet de
profondeur de la 3D, comme dans Gravity.
Tout va bien jusque-là. Sur les enjeux des dites batailles spatiales, je suis assez
vite devenu un brin plus circonspect. Disons simplement que quand on a compris
que l’Arcadia, le vaisseau d’Albator est indestructible, s’auto-répare, peut
détruire en moyenne 4 vaisseaux par salve de canon, peut se téléporter, devenir
invisible… on est assez peu pris par le suspens insoutenable des batailles.
De façon générale, hors des effets visuels, le bât blesse. Il
blesse méchamment. Soit le scénario est d’une telle complexité que je n’ai
strictement rien compris à ce qui se passait, soir ce film est d’une crétinerie
sidérante. Je ne sais pas trop. Un de mes camarades évoquait la différence
culturelle pour expliquer qu’aucun de nous n’ait compris le film. C’est bien
charitable de sa part.
Le scénario repose en effet trois principes dont chacun sait
qu’ils font un script solide : un postulat de départ incompréhensible, des
flashbacks explicatifs qui embrouillent encore plus et des rustines sorties de
nulle part pour expliquer certains trous béants. Un combo devastateur et assez
touchant et Larry Davidien : le travail d’un mec qui voir partir son
projet en sucette, tente de le réparer mais empire les choses.
Pour la jouer rapide, dans le futur, un jour, pour une
raison très floue, 500 milliards de colons humains ont voulu revenir sur Terre,
d’où une guerre entre les habitants et les expatriés. Quand finalement un consensus
a fait de la Terre un sanctuaire interdit à tous, excepté les ambassadeurs,
Albator, chargé de défendre la planète à la barre d’un vaisseau super bad ass s’est
senti floué (alors que, globalement, c’était un peu la seule solution, mais
passons). Pour défendre la Terre, il l’a donc entièrement rasée ce jour-là. Ce
qui laisse penser qu’il est soit un peu extrémiste, soit très très con.
De là, il est maudit par son vaisseau ( ?) et devient
invincible et immortel ( ??). Quand le dit vaisseau se sacrifie pour aider
Albator, on suppose donc un genre de rédemption vaguement émouvant. Sauf que
deux minutes après, tout le monde ressuscite et le vaisseau redécolle. Pourquoi ?
Selon les moments c’est lié à cette obscure malédiction, elle-même liée à la
technologie du vaisseau, la matière noire. Le vaisseau est apparemment unique,
puisque reposant sur une technologie qu’une race mourante s’est sacrifiée pour
confier à Albator. A l’exception de sa dernière représentante, qui se sacrifie
en consumant toute l’énergie du vaisseau, pour revenir en pleine forme dans la
scène suivante. Pourquoi le reste de ses congénères ne l’a pas fait, mystère…
Le reste est à l’avenant, chaque flashback éclairant le
passé des personnages rend l’histoire encore plus confuse, la palme allant à
Yama, dont on comprend pourquoi toute sa famille le hait, tant ses actions sont
inexplicables. Genre pour faire pousser des marguerites et faire plaisir à sa
belle sœur, il a ouvert le gaz à fond et incendié la maison… La coalition des
méchants, quant à elle, fait croire aux gens que la Terre existe encore, pour
leur donner un idéal, mais habite sur une planète normale… Toutes les 20
minutes, les méchants sortent une nouvelle arme secrète qui peut déchirer l’univers
en deux, mais en fait non, c’est bon.
Le tout est saupoudré de considérations oiseuses sur le cycle de
la vie, sur le peu d’importance de l’humanité au regard du cosmos, et sur le
fait que l’idéal d’Albator, ou plutôt du personnage qu’il incarne, puisqu’il
meurt et qu’un autre prend illico le relais, cicatrice comprise, c’est la
liberté… Albator passe le donc le film à hurler au fascisme de ses adversaires
pour justifier l’absence de cohérence de sa position et pleurer sur la beauté
de ses propres discours. Plus sympa visuellement qu’une interview de Guaino,
mais pas franchement plus clair…
La minute geek :
le tout ressemble quand même affreusement à une cinématique de Final Fantasy.
Que l’on peut pardonner à Final Fantasy parce qu’entre les cinématiques, au
moins on manie une grosse épée.
La minute sériephile :
que voulez-vous que je vous dise ? Si vous ne connaissez pas Larry David
auquel je fais référence, refaites vous quelques Seinfeld, qu’il co-écrivait, puis jetez-vous sur sa série Curb Your Enthusiasm !