lundi 28 octobre 2013

Malavita, les Soprano sous Tranxène





Le genre : insérez ici n’importe quel nom de film sur la mafia mollasson

Giovanni Manzoni, un capo de la mafia new-yorkaise décide un jour de balancer tous ses petits camarades, et réclame naturellement une nouvelle identité au FBI. Lui et sa petite famille s’installe donc à Cholong-sur-Avre, bled normand, sous une nouvelle identité. Mais l’intégration n’est pas évidente.

Je ne me souviens pas assez précisément du roman de Benacquista pour comparer cette adaptation, mais ce dont je me souviens, en revanche, c’est que j’avais lu le roman vite, et avec plaisir. On ne peut pas en dire autant de Malavita, cette petite comédie sur la mafia poussive et curieusement dénuée de rythme.

Avec pourtant un postulat de départ plutôt marrant, et quelques bonnes idées, le film n’arrive jamais réellement à décoller. La famille Manzoni est un ramassis de psychopathes violents, qui ont tôt fait de mettre leur petit monde sous coupe réglée. Le fiston se met à diriger tous les rackets du collège, la mère fait sauter les épiceries de village qui n’ont pas de beurre de cacahouètes, la fille tabasse ses prétendants lourdauds, tandis que le père n’accepte pas vraiment qu’un plombier français le traite, disons, comme un plombier français traite ses clients.

Bon, tout ça est sympathique, quelques scènes font immanquablement sourire, sans jamais provoquer plus. Il faut porter cela dit au crédit de Besson que la reconstitution du village des années 90 est très précise, tant dans les fringues et voitures que dans les objets quotidiens. Je ne m’étendrai pas, cela dit, sur le fait que dans ce village, tout le monde parle quand même un anglais admirable, certes avec accent franchouillard. Mais certainement meilleur que la plupart des cadres français. Disons que c’est une licence poétique. 

Tout ça est sympathique, disais-je, mais fait preuve d’un incroyable manque de rythme. Le film a évidemment oublié de choisir son style, entre la chronique d’un mafieux vieillissant qui, pour tromper l’ennui au début, puis pour tenter de donner du sens à son passé, écrit ses mémoires, et la comédie satirique sur Al Capone chez les ch’tis. Du coup, il n’est jamais ni l’un ni n’autre, trop superficiel quand il tente d’explorer la mentalité de son héros, et trop mou quand il met en scène son approche musclée des problèmes.

Je sais que Besson ne voulait pas le réaliser lui-même, et l’a fait à la demande de De Niro, mais il le fait avec une nonchalance étonnante. Je pense qu’il s’en fout, comme tout le monde, du reste. Les acteurs font le strict minimum, De Niro en tête, qui ne s’amuse même pas vraiment à se parodier. Michelle Pfeiffer a l’air d’avoir autant besoin d’un verre que son personnage, Tommy Lee Jones s’ennuie ferme. Seuls les petits Dianna Agron et John D’Leon tiennent leur rôle, caricaturaux, de façon plutôt convaincante, mais eux, ont quelque chose à gagner de ce film, contrairement à leurs cachetonneurs aînés.

Besson finit quand même par se fendre d’une scène d’action, elle-même aussi, plutôt atone, plus par obligation que par désir. Le look des méchants mafieux y est dix fois trop ridicule pour être crédible un quart de seconde, ce qui enfonce le dernier clou dans le cercueil de se film qui, de toutes façons, n’a pas pris.
Bref, pas foncièrement désagréable, mais très insipide. Un truc qu’on laisse en fond en faisant son repassage
.
La minute sériephile : je ne l’ai pas encore vu, mais sur le même thème du clash culturel du repenti transplanté en milieu rural et européen, la série américano-norvégienne Lilyhammer a l’air à la fois plus décalée, plus incisive et plus drôle. A tester, donc.

La minute geek : petit décalage technologique étonnant par rapport à la reconstitution, cela-dit, les portables des ados. Ils auraient plus vraisemblablement eu des Tam-tam et autres Tattoos. Mais bon, les gens nés après 88 ne comprendraient pas ce que c’est.

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