mercredi 30 octobre 2013

Omar m'a un peu fatiguer





Le genre: kebab James Gray, sauce Yamakazi

Puisque rien de ce que j’ai vu cet an-ci ne m’a profondément marqué, je me suis dit que j’allais m’éloigner des rivages américains pour aller vers le Moyen-Orient. En route donc pour la Cisjordanie, et pour le polar Omar de Hany Abu-Hassad, que tout le monde qualifie abusivement de meilleur thriller politique de l’année.
Comme souvent, face à un cinéma émergent, on fait preuve d’indulgence, notamment eu égard au manque de moyens, quand on voit le nombre de productions à moyens qui n’ont pas d’intérêt. Et le fait est qu’Omar est un thriller plutôt réussi (quoique très peu politique, n'en déplaise à Rue89), et, chose rare, qui se concentre sur sa pure intrigue, sans tenter de marteler son message politique sur la radicalisation de la jeunesse palestinienne, pourtant présent.

On y suit donc trois jeunes palestiniens amis d’enfance, qui créent une cellule de lutte contre Israël, et mènent leur première action, l’assassinat d’un soldat. L’un des points forts du film est de montrer que cette jeunesse, au-delà de cet aspect de lutte, reste une jeunesse comme une autre, entre les potes, les blagues potaches, les histoires d’amour, et même les références culturelles, notamment au cinéma américain. L’idée en filigrane est que la Palestine serait un pays comme un autre, plutôt même très occidentalisé, sans violence si l’occupation d’Israël ne générait pas le climat de contrôle, et donc la violence. Quelques plans très malins soulignent discrètement cette idée, en affichant le décalage entre une ville à moitié en ruine et les panneaux de pub en 4X3 pour des opérateurs télécom ou des projets de développement durable.

Le point central du film, c’est l’arrestation d’un des jeunes. Pour sortir de prison, une seule solution, coopérer. Il tente alors un double jeu, en faisant semblant de coopérer, mais sait que l’un de ses deux amis est un traître. Enjeu d’autant plus complexe qu’il veut épouser la sœur de l’un d’eux, et que sa rapide sortie de prison le rend suspect d’être lui-même un traître, ce qu’il est d’ailleurs, techniquement. Pour s’en sortir, il va donc devoir décider de ce qu’il doit sacrifier.

S’en suit un film à la fois paranoïaque et nerveux, traité quasiment comme un Bourne, notamment dans les scènes de poursuite avec la police dans les ruelles (très proches de la poursuite à Mombasa dans Inception, d’ailleurs). Certains critiques ont parlé de film sur la culpabilité et la trahison proche de James Gray. C’est un point sur lequel je ne suis pas d’accord, tant le ton d’Omar laisse supposer qu’il peut s’en sortir, optimisme qui est absent des films de Gray.

Soit. Tout ça est original, parfois maladroit dans la mise en scène, ce qu'on peut pardonner, et convaincant dans les décors. On y retrouve bien cette ambiance de pays en construction de toutes les petites villes du Moyen-Orient, les parpaings, les tiges de béton armé, la poussière des rues…les acteurs ne sont pas tous très convaincants, mais font avec sincérité leur job, notamment le héros.

La construction en revanche me laisse un brin sceptique. La première et la seconde demi-heure sont un quasi copier-coller, et le dénouement est pour tout dire un peu crétin. Quoique le film se veuille paranoïaque, le héros refuse en réalité de prendre en considération ce qu’il sait, à savoir que l’un de ses deux amis est un traître. Il a l’air très étonné, le spectateur l’est moins, quand il apprend qui est ce fameux traître. Plus profondément, je ne comprends pas vraiment l’intérêt de la police israélienne de lui faire confiance et donc d’infiltrer une cellule où elle a déjà un informateur (une cellule de trois personnes, je le rappelle). C'est toute le mécanisme de l'intrigue qui est un peu foireux, en fait.

Malgré quelques jolies scènes intimistes à la fin, notamment la dernière confrontation entre les amoureux maudits, qui montre une nouvelle fois que notre héros ne capte vraiment rien à rien, le film souffre également d’un problème d’écriture de ses personnages un peu gênant. Alors qu’il se veut subtil, et complexe, ses trois personnages sont des purs archétypes : le héros est un gentil, toujours prêt à se sacrifier (pour la famille, ses amis, pour sa copine, même pour le traître, pour l’honneur...), son mentor est un pur idéaliste sincèrement persuadé que la seule solution au conflit palestinien est la réponse armée à Israël, tandis que le troisième larron est un petit combinard toujours en train de blaguer et de draguer. Oh, je me demande bien lequel des deux derniers est le traître…

Bref, une tentative de polar rafraîchissante mais pas encore vraiment au point.

La minute geek : les scènes de fuite où la foule tente de ralentir spontanément la police m’ont furieusement fait penser à du Assassin’s Creed, premier du nom ou Révélations, au choix. Vous allez me dire, courir dans les ruelles grimper et sauter les murs de villes du Moyen-Orient pour semer les gardes, c'est un peu le but de ces deux jeux...
 
La minute sériephile : je n’ai pas tout regardé, mais dans le genre un peu parano, j’avais plutôt trouvé bien ficelé Hatufim, la série israélienne dont Homeland est en partie le remake. Plus intimiste et axé sur le fait de reconstruire sa vie avec une famille qui a tourné la page, mais pas inintéressant.

lundi 28 octobre 2013

Malavita, les Soprano sous Tranxène





Le genre : insérez ici n’importe quel nom de film sur la mafia mollasson

Giovanni Manzoni, un capo de la mafia new-yorkaise décide un jour de balancer tous ses petits camarades, et réclame naturellement une nouvelle identité au FBI. Lui et sa petite famille s’installe donc à Cholong-sur-Avre, bled normand, sous une nouvelle identité. Mais l’intégration n’est pas évidente.

Je ne me souviens pas assez précisément du roman de Benacquista pour comparer cette adaptation, mais ce dont je me souviens, en revanche, c’est que j’avais lu le roman vite, et avec plaisir. On ne peut pas en dire autant de Malavita, cette petite comédie sur la mafia poussive et curieusement dénuée de rythme.

Avec pourtant un postulat de départ plutôt marrant, et quelques bonnes idées, le film n’arrive jamais réellement à décoller. La famille Manzoni est un ramassis de psychopathes violents, qui ont tôt fait de mettre leur petit monde sous coupe réglée. Le fiston se met à diriger tous les rackets du collège, la mère fait sauter les épiceries de village qui n’ont pas de beurre de cacahouètes, la fille tabasse ses prétendants lourdauds, tandis que le père n’accepte pas vraiment qu’un plombier français le traite, disons, comme un plombier français traite ses clients.

Bon, tout ça est sympathique, quelques scènes font immanquablement sourire, sans jamais provoquer plus. Il faut porter cela dit au crédit de Besson que la reconstitution du village des années 90 est très précise, tant dans les fringues et voitures que dans les objets quotidiens. Je ne m’étendrai pas, cela dit, sur le fait que dans ce village, tout le monde parle quand même un anglais admirable, certes avec accent franchouillard. Mais certainement meilleur que la plupart des cadres français. Disons que c’est une licence poétique. 

Tout ça est sympathique, disais-je, mais fait preuve d’un incroyable manque de rythme. Le film a évidemment oublié de choisir son style, entre la chronique d’un mafieux vieillissant qui, pour tromper l’ennui au début, puis pour tenter de donner du sens à son passé, écrit ses mémoires, et la comédie satirique sur Al Capone chez les ch’tis. Du coup, il n’est jamais ni l’un ni n’autre, trop superficiel quand il tente d’explorer la mentalité de son héros, et trop mou quand il met en scène son approche musclée des problèmes.

Je sais que Besson ne voulait pas le réaliser lui-même, et l’a fait à la demande de De Niro, mais il le fait avec une nonchalance étonnante. Je pense qu’il s’en fout, comme tout le monde, du reste. Les acteurs font le strict minimum, De Niro en tête, qui ne s’amuse même pas vraiment à se parodier. Michelle Pfeiffer a l’air d’avoir autant besoin d’un verre que son personnage, Tommy Lee Jones s’ennuie ferme. Seuls les petits Dianna Agron et John D’Leon tiennent leur rôle, caricaturaux, de façon plutôt convaincante, mais eux, ont quelque chose à gagner de ce film, contrairement à leurs cachetonneurs aînés.

Besson finit quand même par se fendre d’une scène d’action, elle-même aussi, plutôt atone, plus par obligation que par désir. Le look des méchants mafieux y est dix fois trop ridicule pour être crédible un quart de seconde, ce qui enfonce le dernier clou dans le cercueil de se film qui, de toutes façons, n’a pas pris.
Bref, pas foncièrement désagréable, mais très insipide. Un truc qu’on laisse en fond en faisant son repassage
.
La minute sériephile : je ne l’ai pas encore vu, mais sur le même thème du clash culturel du repenti transplanté en milieu rural et européen, la série américano-norvégienne Lilyhammer a l’air à la fois plus décalée, plus incisive et plus drôle. A tester, donc.

La minute geek : petit décalage technologique étonnant par rapport à la reconstitution, cela-dit, les portables des ados. Ils auraient plus vraisemblablement eu des Tam-tam et autres Tattoos. Mais bon, les gens nés après 88 ne comprendraient pas ce que c’est.

jeudi 24 octobre 2013

Gravity, l’écrasante force du vide





Le genre : Apollo 13 meets La philo selon Philippe

Quand j’ai vu que l’ensemble des critiques s’extasiait sur l’utilisation prodigieuse de la 3D, sur ce véritable « renouveau de la technique même du cinéma », j’ai commencé à me méfier. Quand j’ai vu que tout le monde restait très discret sur l’intrigue et l’écriture, j’ai senti le roussi. Gravity est au blockbuster hollywoodien ce qu’une Séparation est au film étranger en France, le film qu’on a pas le droit de ne pas aimer. Ce que j’appelle un film Callas, du nom du qualificatif que Télérama colle systématiquement à tout ce qui touche à la Callas, « forcément sublime ».

Forcément sublime, parce qu’Alfonso Cuaron a le vent en poupe depuis son premier film, qui parlait subtilement d’ambigüité et de désir, et depuis sa réécriture visuelle des Harry Potter (il a réalisé le 3, qui a donné le ton des suivants). Forcément sublime parce qu’il fait preuve d’une volonté manifeste de se démarquer d’une production devenue très standardisé, en minimisant les effets : 1h30, là où les productions s’allongent, uniquement 2 acteurs à l’écran, un film de dialogue et de réflexion sur la solitude (enfin ça, c'est ce qu'en a dit le dossier de presse). Forcément sublime donc, puisque Cuaron réussirait enfin à faire de la 3D la révolution promise, et non pas le gadget idiot qu’elle est.

Et, le fait, est qu’Alfonso Cuaron a tenté de faire de la 3D un vecteur d’émotion, a pensé son film de façon sensorielle autour de la 3D. Pour la première fois, il installe un rapport à l’espace (sans jeu de mot), pour lequel la 3D a une véritable valeur ajoutée, puisqu’elle permet physiquement, viscéralement, de mieux comprendre l’isolement, l’abattement et la perte de repères de son héroïne. Il réalise là un bel exercice de mise en scène, et un film d'action au suspense bien mené, je dois bien le reconnaître.

Mais c'est un peu le problème. Foncièrement, Gravity n'est que ça, un film d'action, bien conçu, certes. La salle ricane d'ailleurs franchement à la moitié des dialogues, ce qui n'est pas précisément bon signe sur la qualité des scènes hors action. La qualité de sa mise en scène ne peut pourtant pas masquer la pauvreté de ses dialogues, les tentatives de symbolisme franchement lourdingues et le vide sidéral (avec mauvais jeu de mot) de ses personnages. Le film suit une progression toute hollywoodienne, totalement invraisemblable dans ses péripéties, et franchement décevante par rapport à ce qui avait été vendu. Cuaron a oublié de faire de son film sur le vide une réflexion sur la solitude foncière de l'homme, pour n’être qu’un film catastrophe standard à gros budget. Pourquoi avoir justement recherché dans la forme à explorer plusieurs dimensions, littéralement, pour servir une histoire, qui elle, est tristement linéaire ?

Assez curieusement, Cuaron a d'ailleurs par sa mise en scène refusé de traiter son sujet, à savoir la solitude et la mort. L'angoisse devrait en partie venir de l'isolement absolu, et de l'absence de son, ce que nous dit le premier plan, qu'il n'y a pas de son dans l'espace. Le radeau de Bullock devrait être sa radio, la voix de Clooney... Et la terreur devrait venir du côté imprévisible, de ces débris mortels qui arrivent sans un son, dans un champ de vision limité par le casque, et donc du côté imprévisible et omniprésent du danger. Mais non, Cuaro a préféré noyer le tout dans une musique pompière classique, comme un blockbuster normal. De la même façon, plutôt que de se concentrer sur ses trop rares et très impressionnants plans en vue subjective, où, je le reconnais, on ressent la terreur et l'impuissance de ses personnages, il préfère faire de l'épate en plan large.

On touche là à un élément qui me frappe une fois encore dans la conception du film comme dans la critique du film. Je ne sais pas pourquoi tant de gens veulent absolument que la 3D soit une révolution. Mais ce n’est pas le cas, c’est au mieux un outil qui permet de travailler ses plans, au pire un gadget. Certes Cuaron est allé plus loin dans son utilisation que personne, et a pensé ses plans pour la 3D, ce que Cameron n’avait jamais fait, quoi qu’il en dise, dans Avatar. Or, penser ses plans c’est déjà pas mal, mais ça ne fait pas un « chef d’œuvre », mais si c'est là la nouvelle grammaire du cinéma, il va falloir songer à remplacer Citizen Kane par Transformers dans les cours d'histoire du cinéma.

Il n’a pensé son film que visuellement, et livre un scénario absolument vide, marqué par une totale absence de profondeur psychologique, et même une totale absence de jeu. Qu’on ne vienne pas me bassiner avec l’élégance de la simplicité ici, le suspense est présent, mais le scénario est totalement dénué du moindre enjeu dramatique. Or, à ce que je sache, Gravity n’est pas une performance d’art contemporain sur la sensation du vide ni une attraction pour le Futuroscope, c’est un film. Et un film que tout le monde est prié de trouver époustouflant, en prime!

Gravity sacrifie tout, absolument tout, à la prouesse technique, comme le faisait The Artist. Mais sérieusement, qui voudra revoir ça sur sa télé ? Qui pourra encore trouver un intérêt à ce film catastrophe aux péripéties ridicules une fois retiré l’écran géant ? Personne, parce que Gravity ne dégage aucune chaleur, aucune émotion, aucune humanité, ni même, au fond, aucune excitation une fois sorti de la salle. 

C’est un bel objet industriel, pas une œuvre d’art. C’est intéressant, mais ce n’est pas « génial ». Et, surtout, Gravity continue de creuser le fossé entre film à grand spectacle et film bien écrit, ce qui est plus inquiétant.

La minute geek: si vous en avez l’occasion, et puisqu’à ma connaissance les Etats-Unis sont de nouveau dotés d’une administration ouverte, allez jeter un coup d’œil à l’Air and Space Museum de Washington, et notamment aux vraies capsules des missions spatiales. Plus que tout film, ça vous fera comprendre la dose de courage, voire d’inconscience, qu’il faut pour être astronaute ! Des machins rafistolés au scotch, une barrière incroyablement fine pour ce protéger de ce vide si terrifiant…

La minute sériephile: pas d'inspiration, là.

lundi 21 octobre 2013

Sherif Jackson, Sundance a aaadoré...





Le genre : synthèse de tout ce que le cinéma indé fait de pire

Une chose que l’on peut dire de Shérif Jackson, c’est que la bande-annocne était astucieuse. Elle promettait un western gentiment décalé et grinçant, là où le film n’a en réalité ni queue ni tête. Le tout est bien entendu emballé de critiques de Sundance qui se pâment devant le traitement contemplatif intello de la nature et ce fameux renouveau du western que tout le monde devrait appeler de ses vœux. Pourquoi, allez savoir ...

Sweetwater, selon son titre original est en réalité un western à la fois prétentieux et feignasse, et tient pour moi plus de la condescendance que de l’hommage au western. Puisque nous sommes dans le western, le génie qui a écrit le scénario s’est dit qu’il fallait réduire l'intrigue à sa plus simple expression, ignorant au passage la vraisemblance et la psychologie, pour revenir au cœur du genre. Un truc brut, tu vois…

Nous avons donc un méchant, très méchant, qui aime être méchant parce que c’est comme ça, il aime bien ça le bougre. Un shérif chargé de le confondre, qui est un original. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça, il est original, ça ne s’explique pas. Et une femme qui veut se venger du méchant, et de tous les hommes au passage. Elle fronce donc beaucoup les sourcils et dézingue à tout va. 

Manifestement, le scénar a comporté plus de détails, notamment sur le passé de l’héroïne et son rapport avec sa mère et maquerelle, et par extension son rapport aux hommes. Mais ces scènes ont disparu, en grande partie, au montage ou au tournage. Il en reste cela dit des bouts dans les dialogues, des références à des personnages qu'on ne voit jamais, rendant l’ensemble non seulement simpliste mais également confus. Je m'aperçois en faisant une vérification sur imdb que ce personnage à même un nom "Madame Bovary", nom qui n'est jamais cité dans le film.

Alors, oui, cela dit ,c’est joli. Très joli travail sur la lumière du désert, sur la tombée de la nuit, lors de scènes arty longues et totalement injustifiées. Ça pourrait éventuellement être contemplatif, si seulement nous avions une réflexion à suivre avec les personnages, mais là on est plus dans le pur remplissage, et la caution arty.

Je ne dirais pas non plus que c’est mal joué, mais les performances n’ont aucun intérêt. Ed Harris est excentrique, danse dans le désert et porte une veste bleue. Wow ! January Jones fronce les sourcils, n’a pas une seule expression de tout le film, très minérale, comme dans X-Men, mais avec vêtements (quoiqu'on voit bien quelques seins). Soit. Jason Isaacs grimace dans son rôle en puritain hypocrite et... méchant, grotesquement sous-employé par rapport à ce qu’il faisait dans les Harry Potter (c’est dire à quel point le film est bien écrit). L’ensemble qui n'est raccroché à aucune écriture, évolution psychologique ou volonté de prouver quoi que ce soit suscitera au mieux un ennui poli.

Le tout fait le choix, ou plutôt le non-choix putassier, de jouer sur deux tableaux. Des scènes épurées de nature avec de la jolie musique pour se pignoler sur la fibre « malickienne » du film et de l’ultra-violence saupoudrée d’humour noir pour se ranger dans la veine de l’hommage décalée, type Tarantino. Sans bien sûr n’avoir ni la volonté de réflexion sur l’homme de l’un, ni la charge satirique de l’autre.  Hypocrite et inutile.

La minute sériephile : la mère/maquerelle apparaît dans une scène pas mal, qui laisse supposer un scénario, avant d’être totalement mise de côté. C’est dommage, Amy Madigan st une excellente actrice. Si vous voulez la voir dans un cadre poussiéreux, avec une réflexion sur le bien et le mal, an général et au niveau individuel, elle jouait la glaçante sœur du pasteur dans l’excellente série fantastique Carnivale.

La minute geek : on apprend dans ce film qu’en 1880, tout forgeron de village pouvait naturellement vous détailler la composition précise d’une balle, en identifiant le pourcentage de chacun des métaux. Une piste les Experts avant l’heure complètement idiote, comme tant de chose dans ce non-scénario.

mardi 8 octobre 2013

Machete Kills l’envie de continuer à encenser le « film de genre »




Le genre : Martine à la frontière

Le personnage de Machete avait été crée par Rodriguez pour une des fausses bandes-annonces de Grindhouse. Il avait décidé de pousser le clin d’œil potache et de faire comme son copain Tarantino une série Z ironique. Pourquoi pas ? Machete était un film drôle, surprenant, vaguement jouissif et bourré de trouvailles.

Le casting du second volet était alléchant, le retour de Charlie Sheen, qui est devenu une forme d’ironie personnifiée plus qu’un acteur, Banderas, que les amateurs de Desperado 1 & 2 aiment chez Rodriguez, Lady Gaga, Mel Gibson, ok, tout ça est formidable. Les clins d’œil geek, le combat au bat’leth klingon, pas de problèmes, mais tout ça ne fait pas un scénario.

Et justement, le film ne tient pas la route une seconde. Certes, Rodriguez connaît sa grammaire de l’ultra-violence et offre toujours des scènes marrantes. Mais il bourre en permanence son film de nouveaux personnages, de nouveaux acteurs, le tout dans un mélange qui devient franchement lourd, parce que tout l’effet de surprise est mort. Le scénario, si scénario il y a, consiste donc vaguement à raccrocher les wagons entre des scènes de combats contre les différents méchants, sans qu’on y trouve le moindre vague intérêt. Machete combat une galerie de méchants archétypaux (la folle furieuse, le psychopathe, le mégalo) sans manifestement y prendre plus de plaisir que le spectateur. 

Certaines idées font rire, comme ce plan absurde sur la base des méchants, un temple maya agrémenté d’un héliport. Je précise toutefois que le temple maya base secrète est une idée déjà exploitée par De Broca dans le Magnifique. Je sais, j’ai déjà cité ce film ici, mais c’est le Last Action Hero français, avec 20 ans d’avance sur le scénario de McTiernan. Je m’égare… Je valide aussi l’idée totalement stupide mais burlesque d’un tueur à gages type Fantomas, appelé « El Cameleòn », qui enlève son masque toutes les 20 minutes en ricanant, et sera donc joué successivement par 4 acteurs, dont Cuba Gooding Jr, Lady Gaga puis Antonio Banderas.

D’autres idées sont, cela dit, franchement poussives, notamment tout ce qui tourne autour de Sofia Vergara en maquerelle avec flingue caché dans son soutien-gorge, puis dans sa culotte. L’un des meilleurs gimmicks du premier, le mutisme de Machete, qui ne parle que par très rares répliques à la 3ème personne est surexploité, dans un festival qui tombe à plat, notamment lors des consternantes répliques « Machete don’t tweet » et « Machete happens ». 

Le plus gênant, c’est que Rodriguez a tenté d’emballer le tout dans une nouvelle couche d’ironie qui sent le franc foutage de gueule. Machete kills s’ouvre ainsi sur une fausse bande-annonce encore plus ridicule que tout ce qu’on a pu voir dans le premier Machete Kills again in space. On se dit, ha, ha, rigolo d’ouvrir sa suite sur une parodie des franchises qui ne savent pas s’arrêter. Malheureusement, quand on constate que les 20 dernières minutes du film consistent précisément à mettre en place les éléments d’un vrai 3ème film, copie du second mais dans l’espace avec costumes en aluminium et machette laser, une certaine lassitude nous gagne…

Faire un clin d’œil potache, voire un film hommage à la série Z, pourquoi pas. Se réfugier derrière son vernis d’ironie pour se rouler dans une médiocrité convenue et feignasse, sous forme de trilogie ça me chagrine déjà beaucoup plus. C’était déjà un point qui me dérangeait dans certaines scènes de Django Unchained. Le problème, c’est qu’ici on ne parle pas de certaines scènes, on parle de la totalité du film, du premier au dernier plan.

La minute sériephile : Machete Kills permet au moins de revoir William Sadler en shérif du Nouveau Mexique, accent et stetson compris. Ça a fait bondir mon petit cœur de midinette, puisque William Sadler, c’est le sheriff Valenti de Roswell. Un autre sheriff du Nouveau Mexique, accent et stetson compris, mais au grand cœur malgré son air bourru, qui deviendra le fidèle allié de la joyeuse bande d’aliens adolescents (et tous très beaux). La série aura également eu le mérite de révéler Katherine Heigl. Mais est-ce un mérite ?

La minute geek :je parlais plus haut de bat'leth, l’arme blanche de prédilection des Klingons, dans Star Trek. J’ai été assez surpris de voir également apparaître une référence monstrueusement geek aux klingons dans cette dernière campagne de l’Iphone 5c. Comme quoi le soft power des trekkies est une force à prendre en compte.