lundi 9 septembre 2013

The World’s End, comme quoi il n’y a pas que James Bond qui puisse sauver le monde un verre à la main





Le genre : La soupe aux choux badass

The World’s End, ici, ce n’est pas l’apocalypse que nous ont promis d’abolir Pacific Rim ou les Avengers. C’est tout bêtement le 12ème pub d’une ville tranquille anglaise. Le jour de leur bac, cinq potes se sont promis de réussir un barathon et de faire les 12 dans la nuit. Ils ont échoué au 9ème. 20 ans plus tard, Gary King, leur chef de bande, devenu un flamboyant loser bloqué dans son adolescence, réussit à les convaincre de boucler la boucle et d’atteindre la « Fin du monde ». Seulement voilà, en chemin, ils vont devoir combattre une invasion extraterrestre et peut-être bien mettre fin à notre civilisation.

Edgar Wright et Simon Pegg continuent ici sur leur lancée et ferment leur trilogie Cornetto, qui consiste globalement à mélanger deux styles de films dans un tout cohérent, quoique forcément décalé. Leur grand talent est de réussir à tenir sur la durée les deux postulats. Ici, on est autant dans The Hangover que dans un film de SF classique où des extraterrestres remplacent peu à peu la population d'une ville, type Body Snatchers ou encore le Village des Damnés, classiques de la littérature SF des années 50-60 régulièrement réadaptés. 

La grande qualité de ce film c’est donc de réussir à la fois un film de SF, certes potache, mais aussi une comédie de potes sur le thème de la cuite. Plus le film avance, plus nos cinq compères sont ivres morts et font des choix de moins en moins cohérents. Les dialogues se parsèment d’absurdités, passent par les différentes phases de l’ivresse, l’invincibilité, l’attendrissement, l’agressivité, l’apitoiement, dans une série de scènes réjouissantes. Simon Pegg, notamment, se donne un rôle jusqu’au-boutiste et se garde quelques scènes magnifiques de combat où son but est avant tout de réussir à finir sa pinte pour pouvoir réussir son pari.

Tout comme Shaun of the Dead, le film réserve aussi une place à une forme de critique sociale plutôt bien vue, ici celle de la starbuckisation du monde, de la prévalence de standards de chaînes. Pegg et Wright font également du thème du bilan et la jeunesse passée un thème central, remarquablement doux-amer. Les réflexions des 4 adultes, entre regret et soulagement, sont cela dit régulièrement dynamitées par les raisonnements obscurs et les envolées lyriques sur le thème de la pinte de Gary, Peter Pan de l’alcoolisme juvénile qui refuse de grandir.

Le ressort de ce film, c’est justement ce mélange constant des genres, cette capacité à se créer un rythme appuyé sur la disruption et à désamorcer et l’émotion et la science-fiction avec des fous rires et des absurdités de bourrés, dont la géniale scène du vieux gymnase, fou rire totalement déplacé en plein milieu d’une poursuite, sur la base d’un jeu de mots simpliste. La scène finale, sans spoiler, poursuit cette logique et offre une plaidoirie hilarante pour l’humanité par deux losers braillards, défendant le droit historique, inscrit dans l’ADN, des hommes à faire n’importe quoi et à agir de façon irresponsable.

Tout se suit le sourire aux lèvres, tout le monde à l’air de s’y amuser, notamment Pierce Brosnan, une heure et demie de détente sans autre ambition, et, finalement, d’une certaine subtilité et élégance, que n’a pas, par exemple, The Internship (plutôt pas mal, malgré tout). On peut supposer que la dernière ouvre sur une nouvelle trilogie qui pourrait marcher, à voir donc !

La minute geek : Il n’est pas totalement anodin de revoir venir ce thème du remplacement de l’humanité par des « ennemis » venus d’ailleurs. Les deux romans cités sont propres à une littérature SF très marquée par le contexte de Guerre Froide et la paranoïa de l’espion ennemi, donc de celui qui a l’air normal mais ne l’est pas. Le contexte d’évolution des menaces vers le terrorisme sans visage plus que la guerre entre états augure à mon avis de remakes prochains.

La minute sériephile : Il semblerait que les obligations de Martin Freeman lui aient enfin laissé le temps de tourner la 3ème saison de Sherlock. La BBC a même lancé un pre-trailer, ici . Pas trop tôt.

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