Quand tu as fait
Matrix, tu peux tout te permettre, pour le reste de tes jours
Le genre : recette
indigeste
Pour le scénar, on va la faire assez courte. Une gentille
jeune fille méritante et nettoyeuse de toilettes de son état s’aperçoit un jour
qu’elle est l’héritière d’un empire industriel intergalactique de vente d’humains.
Hilarity ensues.
S’en suivent deux heures sept très confuses, parsemées de
scènes d’action, normal, de punchlines et tentatives d’humour assez incongrues
et de jeu calamiteux de la part de l’ensemble du cast. Le tout sur fond de vol
assez décomplexé de toutes les idées d’univers SF qui ont marché, ou non, dans
les 20 dernières années.
En vrac, Jupiter se fait kidnapper par des Roswell
carnassiers, sauver par un loup garou blond platine très queer lors d’un combat
de chasseurs spatiaux dans Chicago, Transformers
3 style, puis arrive sur Naboo. Là, elle doit combattre des dragons issus
du calamiteux Super Mario Bros, se
confronter à l’administration de Brazil,
faire face à un complot gréco-romain et enfin combattre le vilain dans un décor qui mixe le
vaisseau du méchant de Guardians of the
Galaxy et Geonosis de Star Wars. Entre temps, sa famille humaine, d’origine russe, mange de la
choucroute en rotant et en parsemant les dialogues de « par les couilles
de Staline ». Un film d’art et d’essai, quoi.
Les Wachowski n’ont pas perdu le sens de la scène d’action,
c’est indéniable. En fait si, quand on pense que dans Matrix ils avaient réinventé le genre, et qu’ici on est plutôt dans
du bon Michael Bay. En dehors de ça, le film pourrait confiner au génie WTF d’un
Battleship, mais ne cesse de se
prendre au sérieux, notamment son méchant parfaitement grotesque, Eddie
Reddmayne. Le pauvre a manifestement eu pour consigne de se faire passer pour Gary Oldman dans le
5ème élément - comprenez de parler très doucement et calmement 4 répliques sur 5 puis de hurler la 5ème.
Tout dans le film sent l’ambition, mais sent aussi qu’à un
moment, le studio a compris l’ampleur du désastre et a commencé à essayer de
limiter les dégâts. Résultat, à force de coupes mal gérées l’univers ne tient
pas la route une seconde, tant les pistes sont lancées puis totalement
abandonnées au cours du film.
Deux exemples : pour commencer les méchants enfants dont
l’héroïne est la mère réincarnée… Admettons ce postulat débile. La manière de
traiter la question légale est plutôt marrante. Mais la question de savoir
lequel l’a assassiné est vaguement présentée comme un enjeu, avant que le film
ne l’oublie une bonne heure, pour finalement traiter la question par-dessus
la jambe. Oui, le méchant est bien le méchant. La sœur n’en pense pas moins, et
a manifestement un plan, aussi vite largué qu’évoqué. L’autre frère est traité de la même façon, avec une grosse hésitation entre le porno chic façon Grey et la bitch de teen movie. Puis il disparaît du script et n'est plus mentionné.
Deuxième exemple, le sous-texte vaguement anticapitaliste du
film. En gros, les trois méchants se partagent un empire, des planètes dont ils
« moissonnent » les humains pour en faire de l’antiride Q10, en
mieux. Le film évoque la « concurrence » qui justifie leur lutte sans
aller très loin dans sa logique, puisque les principaux concurrents, ce sont
les trois mômes eux-mêmes. La logique voudrait qu’ils bossent ensemble, puisqu’ils
sont tous actionnaires de la même boîte, mais en fait non. Parce qu’on s’en
fout.
Plus largement, la société du futur est présentée comme
ultra-légaliste et tracassière, sauf pour les personnages, qui se massacrent
allègrement, ouvrent le feu sur les flottes de leur armée et autres. Selon les
besoins immédiats du scénario, le film opte pour une société verrouillée par
les avocats ou une autre où la noblesse donne tous les droits…
Je passerai charitablement sur l’histoire d’amour
parfaitement absurde entre le héros, « mi homme mi quelque chose comme un
loup » et l’héroïne « qui adore les chiens »… Et sur les scènes
d’humour incongrues sur la famille russe, probablement mise ici en contrepoint,
pour faire l’inverse des Gardiens de la
Galaxie qui évacuait la Terre dès l’intro.
Bref, à part quelques jolies images pas très originales, pas grand-chose à sauver. En même temps, les
Wachowski, à part le premier Matrix et
Speed Racer, pour son esthétique, c’est
quand même l’histoire d’un naufrage magnifique…
La minute sériephile :
triste destin que celui des ados de That
70’s Show. Entre Topher Grace qui cachetonne et la pauvre Mila Kunis qui
vient ici ruiner le peu de crédibilité que Black
Swan lui avait offert. Il n’y a bien qu’Ashton qui s’en soit sorti, en
gigolant. Monde de merde.
La minute geek :
c’est un peu compliqué tant tout est pompé à droite à gauche.