jeudi 20 septembre 2012

The Expendables 2, épure de film d'action




La franchise The Expendables est une franchise intrigante. On ne sait jamais vraiment à quoi s’en tenir. Elle s’inscrit clairement dans la réflexion sur l’âge et la transmission qui semble sérieusement hanter Stalonne. Mais, elle s’affranchit complètement du pathos de mettons Rocky Balboa ou même Lone Star, pour ne garder que le côté potache.

De la même façon, on peut y voir une recherche sur les archétypes du film d’action des années 80 puis 90, un genre de galerie nostalgique. Mais en même temps, c’est le film ultime d’action des années 80. On ne sait jamais exactement où se situe exactement la frontière entre l’utilisation scolaire des recettes qui ont fait le succès de ces stars, et l’auto-dérision et la conscience de ses limites.

Je m’étais déjà un peu interrogé dans le premier volet sur le monologue de Mickey Rourke, qui est clairement inspiré, pour dire les choses poliment,  de La Chute de Camus. Hommage ou vol ? Ici, la même perplexité me saisit devant le monologue de Liam Hemsworth .

C’est le monologue archétypal du soldat qui parle de sa copine qui l’attend, de son avenir, et qui ne va pas finir le film vivant. Dix minutes plus tard, Liam Hemsworth (frère de Chris Hemsworth, le même les cheveux courts) quitte d’ailleurs le casting. Sauf que les années 90 sont passées par là, et que tout le monde sait qu’un personnage qui sort ce monologue va mourir. D’ailleurs, il n'y a pas que ça de curieux dans le personnage de Liam Hemswoth, il y a aussi le choix de costume. C’est Thor en pull Sandro avec un fusil…  A vrai dire, ça me convient. 

C’est peut-être ce qui fait de The Expendables 2 film-concept : Simon West nous dit « je connais mes codes sur le bout des doigts, mais ici, on n’est pas dans Scream ou, plus récemment dans Cabin in the Woods, je ne vais pas les briser ». C’est un peu la contre-réforme baroque de l’ironie hipster.

Passé cet étonnement, on entre dans la moindre difficulté dans le film, sans réfléchir. Mais a-ton seulement le temps de réfléchir ? Non, le premier coup de feu intervient 45 secondes après le la première image. On n’est pas là pour ça, on est là pour une série de morceaux de bravoure d’action ponctués de répliques comiques cultes et on sait qu’aucun personnage ne sera jamais réellement en danger. En fait, c’est quasiment un film de Pascal Bonitzer ou de Mathieu Amalric: les personnages n’ont ni queue ni tête, on se fout éperdument de leur histoire et le scénario tient en 6 mots : « Track’em, find’em, kill’em » pour The Expendables, « un bourgeois parisien combat ses névroses » pour un Bonitzer.

Ça ne me dérange pas, je prends, et j’en ai pour mon argent. Les arrivées clin d’œil des nouveaux Expendables, Schwarzenezgger et Chuck Norris, ne sont jamais expliquées mais on s’en fout. Le nombre de figurants albanais tués à la seconde est impressionnant, les fameuses répliques cultes sont présentes, mention spéciale à « Rest in pieces ». Rafraîchissant, en un mot.

Une parenthèse tout de même. Tout le monde aura lu l’interview délirante de Jean-Claude Vandamme sur la construction quasi Actor Studio de son personnage. C’est en fait encore beaucoup plus drôle quand on voit le film ! Il faut savoir que, dans cette recherche d’épure de film d’action, le méchant s’appelle tout bêtement « Vilain », c’est son nom de famille, sa caractéristique, sa personnalité ! Ça ne demande pas plus d’explication, il faut l’arrêter parce qu’il est méchant, point barre. Donc les délires sur son végétarianisme supposé et sur l’oie Edith deviennent particulièrement savoureux. Je suis ravi de savoir que ce personnage a, en réalité, de nombreux « layers », comme dit Jean-Claude. 

Pas la peine de s’étendre. Si vous êtes client, allez-y les yeux fermés. Si vous préférez les films vides de sens mais sans balles dans la tête, allez voir Cherchez Hortense.